Le sixième cycle de pourparlers entre le gouvernement colombien et l'ELN s'est conclu, mardi à La Havane, par la signature d'un accord de prolongation pour six mois du cessez-le-feu. Dans ce cadre, le groupe rebelle d'extrême gauche s'est engagé à abandonner sa pratique d'enlèvements avec extorsion.
Le gouvernement de Colombie et l'Armée de libération nationale (ELN) ont signé officiellement, mardi 6 février, à La Havane, un accord de prolongation pour six mois d'un cessez-le-feu, avec l'engagement de la part de la guérilla de mettre fin à sa pratique des enlèvements.
"Qui a dit que la paix était facile ? Mais qui pourra nier que chaque nouvelle avancée vaut la peine (...) Nous avons aujourd'hui une prolongation consolidée du cessez-le-feu de 180 jours", a déclaré la cheffe de la délégation gouvernementale, Vera Grabe, après avoir officiellement signé l'accord avec le représentant de l'ELN, Pablo Beltran.
L'annonce que les deux parties étaient tombées d'accord avait été faite dans la nuit de lundi à mardi, peu avant l'entrée en vigueur de la prolongation du cessez-le-feu. "Nous nous sommes mis d'accord pour prolonger à partir de 0 h le 6 février 2024 pour cent quatre-vingts (180) jours le cessez-le-feu bilatéral, national et temporaire" indiquait un document diffusé sur X (ex-Twitter) par les deux parties.
PRÓRROGA DEL CESE AL FUEGO BILATERAL, NACIONAL Y TEMPORAL
Hemos acordado prorrogar a partir de las 00:00 horas del día 6 de febrero de 2024, por ciento ochenta (180) días, el Cese al Fuego Bilateral, Nacional y Temporal (CFBNT).
🧵👇 pic.twitter.com/7ELXbEkOR5
Lors de la signature officielle, le chef de la délégation de l'ELN a souligné que les deux parties s'étaient efforcées de nouer un accord "plus robuste", avec de "nouveaux engagements". Dans le texte diffusé dans la nuit, le groupe rebelle d'extrême gauche s'engage ainsi à abandonner sa pratique d'enlèvements avec extorsion. "L'Armée de libération nationale (ELN) pour contribuer au développement du cessez-le-feu bilatéral, national et temporaire suspend de forme unilatérale et temporaire les rétentions à caractère économique", est-il écrit.
L'enlèvement par le groupe rebelle fin octobre du père du footballeur colombien Luis Diaz, relâché 12 jours plus tard, avait mis en péril le processus de paix entamé fin 2022.
"Historique"
"C'est un fait historique que l'ELN décide de suspendre les rétentions à caractère économique comme les appelle l'ELN", a déclaré Vera Grabe.
Dans un communiqué diffusé mardi à Bogota, le Bureau du défenseur du peuple, un organisme public indépendant, a rappelé à l'ELN "l'impérieuse nécessité de faire savoir combien de personnes" étaient aux mains de la guérilla, et demandé qu'elles soient libérées "saines et sauves".
La conclusion des pourparlers de ce cycle havanais, le sixième depuis le début du processus de paix, a été retardée à deux reprises. Lundi, les deux parties avaient repoussé de 24 heures la cérémonie officielle de clôture, tandis qu'une semaine auparavant, la trêve, arrivée à terme le 29 janvier, avait été prolongée de sept jours pour donner un délai supplémentaire aux négociateurs.
La prochaine session de pourparlers aura lieu à partir d'avril à Caracas, ont précisé les deux parties. Le siège tournant des négociations se partage entre le Venezuela, le Mexique et Cuba, qui jouent le rôle de garants avec les gouvernements du Brésil, du Chili et de la Norvège. À ces pays s'ajoutent l'Allemagne, l'Espagne, la Suède et la Suisse, qui accompagnent les pourparlers, ainsi qu'un représentant du secrétaire général des Nations unies.
Gustavo Petro, premier président de gauche de l'histoire de la Colombie, a entamé des discussions avec les principaux groupes armés opérant dans le pays. Avec l'ELN, mais aussi les dissidents des Farc marxistes (qui rejettent l'accord de paix historique de 2016), des groupes paramilitaires et des narcotrafiquants.
Cette politique de "paix totale" se heurte à de nombreux obstacles et est sévèrement critiquée par l'opposition, alors que certains de ces groupes armés ont multiplié leurs actions pour accroître leur influence territoriale.
Avec AFP