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Pesticides, supermarchés, fiscalité : les nouvelles mesures pour les agriculteurs français
Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé jeudi, après dix jours de protestations des agriculteurs, une nouvelle série de mesures en leur faveur lors d'une conférence de presse à Matignon. La principale est un renforcement de la loi Egalim, qui vise à leur garantir une juste rémunération. Les syndicats majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs ont appelé à suspendre les blocages en France.

Le Premier ministre a-t-il réussi à calmer la colère des agriculteurs ? Gabriel Attal a décliné, jeudi 1er février, une nouvelle série de mesures pour tenter de désamorcer la crise dans la filière agricole.

Parmi les annonces figurent le renforcement des lois Egalim ; une "pause" dans la  réduction des phytosanitaires ; 150 millions d'euros en soutien fiscal et social aux éleveurs ; le relèvement des seuils d'exonération sur les successions agricoles.

Le Premier ministre s'est exprimé depuis Matignon, entouré de ses ministres Bruno Le Maire (Économie), Marc Fesneau (Agriculture) et Christophe Béchu (Transition écologique), Il s'agissait de sa troisième salve d'annonces sur le sujet en moins d'une semaine. 

Peu après ces annonces, les syndicats majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs ont appelé à suspendre les blocages en France, tout en appelant à poursuivre la lutte. "Nous avons décidé qu'à l'heure actuelle, au vu de tout ce qui avait été annoncé (...), nous appelons nos réseaux (...) à suspendre les blocages et à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation", a indiqué le président des JA Arnaud Gaillot, aux côtés du patron de la FNSEA,  Arnaud Rousseau. 

"Nous voulons être souverains" 

Les mesures annoncées jeudi répondent "à une grande partie des attentes" des agriculteurs, a assuré Gabriel Attal, qui "croi(t) profondément" qu'elles sont "de nature" à calmer la contestation. Mais, alors que la mobilisation se poursuit, le chef du gouvernement n'en est pas moins resté prudent, promettant que "le travail va se poursuivre". 

"Nous voulons être souverains, souverains pour cultiver, souverains pour récolter, souverains pour nous alimenter", a résumé Gabriel Attal, promettant d'inscrire "l'objectif de souveraineté (alimentaire) dans la loi" et de consacrer "dans le code rural l'agriculture comme un intérêt fondamental de la nation". 

"Ce n'est pas une souveraineté retranchée sur elle-même car je n'oublie pas que notre agriculture est un de nos principaux secteurs exportateurs, avec les céréales, les vins, les spiritueux, les produits laitiers. Mais c'est une ouverture avec des règles de la réciprocité et les mêmes exigences pour tous", a-t-il cependant précisé. 

Un renforcement des lois Egalim qui visent à empêcher que les producteurs ne fassent les frais de la guerre des prix entre supermarchés d'une part, et distributeurs et fournisseurs de l'agro-industrie d'autre part, a été annoncé . Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a précisé que "toutes les grandes chaînes de supermarchés" seront "contrôlées dans les prochains jours" sur ce sujet. 

150 millions d’euros en soutien aux éleveurs 

Gabriel Attal a également annoncé une enveloppe de 150 millions d'euros en soutien fiscal et social aux éleveurs. Le ministre de l'Économie avait déjà annoncé une mesure de défiscalisation pour les éleveurs bovins en octobre. Mais la Fédération nationale bovine (FNB) avait fait part, la semaine dernière, d'une "déception extrêmement forte" des éleveurs à ce sujet. 

Gabriel Attal a également annoncé le relèvement des seuils d'exonération sur les successions agricoles. 

Il s'est engagé à assouplir les règles imposant aux agriculteurs de maintenir des surfaces en prairies en appliquant "une dérogation à l'obligation de réimplantation pendant un an".  

Gabriel Attal a par ailleurs dit vouloir empêcher l'importation en France de fruits et légumes traités avec le pesticide thiaclopride, un produit interdit en Europe. 

Parallèlement, le plan Ecophyto visant à réduire l'usage des pesticides sera mis "en pause", a précisé le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau. 

"Viande de synthèse" 

Le chef du gouvernement a également appelé à une "législation claire au niveau européen sur la dénomination de ce qu'est la viande de synthèse", car celle-ci ne "correspond pas à notre conception de l'alimentation à la française". 

Il a par ailleurs demandé que la question de la limitation des importations de céréales ukrainiennes dans l'Union européenne soit incluse dans une négociation. L'UE n'a pas intégré les céréales dans une liste de produits "sensibles" sur lesquels les importations peuvent être freinées. 

Gabriel Attal avait longuement reçu ces jours derniers la FNSEA, pendant trois heures trente notamment lundi soir puis près de trois heures mardi soir, ainsi que mercredi soir. 

Il a aussi reçu mercredi matin les représentants de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, et de la Coordination rurale, deuxième syndicat. 

Le président Emmanuel Macron s'est de son côté entretenu dans la matinée avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au sujet du "futur de l'agriculture européenne", avant un sommet européen extraordinaire consacré au budget de l'UE et à l'aide à apporter à l'Ukraine. 

Dans le pays, les blocages de route, les opérations escargot ou les manifestations devant les supermarchés se poursuivent.  

Avec AFP