
Silvan Shalom, Vice-Premier ministre d'Israël, accueille aujourd'hui Benoît XVI à la Grande Synagogue de Rome. En prélude à cette visite controversée, le pape a honoré les Juifs de Rome qui ont été déportés pendant la Seconde Guerre mondiale.
AFP - Benoît XVI a mis en avant ce qui "unit" catholiques et juifs, dimanche peu avant une visite attendue à la synagogue de Rome, 24 ans après celle, historique, de Jean Paul II mais qui a suscité la polémique après sa décision de faire un pas en avant vers la béatification du controversé Pie XII.
"Malgré les problèmes et les difficultés, on respire un climat de grand respect et de dialogue entre les croyants des deux religions", a dit le pape lors de la prière de l'angélus au Vatican.
Benoît XVI, dont ce sera la 3ème visite dans une synagogue après celles de Cologne et New York, a souligné "l'effort commun de mettre en valeur ce qui nous unit: la foi en un Dieu unique, tout d'abord, mais aussi la protection de la vie et de la famille, l'aspiration à la justice sociale et à la paix".
Il a répété que le déplacement avait pour but de marquer "une nouvelle étape sur le chemin de concorde et d'amitié entre catholiques et juifs".
La décision du pape allemand, le 19 décembre, d'octroyer le statut de "vénérable" à Pie XII, accusé d'avoir gardé le silence face à la Shoah, a failli compromettre le déplacement, qui sera scruté par le presse du monde entier avec quelque 500 journalistes présents.
Le président de l'Assemblée rabbinique italienne Giuseppe Laras boycotte même la visite, estimant que "durant l'actuel pontificat, le rapport fraternel (entre juifs et catholiques) est devenu plus faible".
L'ambassadeur israélien près du Saint Siège, qui sera présent, a jugé de son côté que "l'anti-judaïsme catholique existe encore".
Les partisans de la visite, tant côté juif que catholique, mettent en avant la nécessité de poursuivre le dialogue entre les deux religions, entamé peu après le Concile Vatican II.
Pour le rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, puissance invitante, la venue de Benoît XVI prouve qu'il veut "continuer le dialogue".
"Il y a peu de catholiques du XXe siècle, qui ont fait autant que Joseph Ratzinger - comme théologien, évêque, responsable de l'organisme gardien de la doctrine catholique (la Congrégation pour la doctrine de la foi, NDLR) et à présent comme pape - pour rapprocher juifs et chrétiens", a affirmé samedi Giovanni Maria Vian, directeur de l'Osservatore romano, le quotidien du Vatican.
Plusieurs personnalités venues d'Israël, catholiques et juives, assisteront à cette visite, retransmise en direct par plusieurs chaînes de télévision italiennes: le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, le nonce apostolique dans ce pays, Antonio Franco, le numéro deux du cabinet israélien, Sylvan Shalom, et plusieurs rabbins, dont Oded Wiener, secrétaire général du grand rabbinat d'Israël.
La communauté juive de Rome, la plus vieille d'Europe, compte aujourd'hui 15.000 personnes. Elle a été décimée par une rafle nazie le 16 octobre 1943, sous le pontificat de Pie XII: plus d'un millier de juifs ont été déportés et peu sont revenus des camps d'extermination.
Le pape déposera d'ailleurs une couronne devant une plaque commémorant cette tragédie avant d'entrer dans la synagogue.
A l'intérieur du temple, seront notamment présents les présidents des communautés juives de Rome et d'Italie, tout comme une délégation de musulmans romains.
Le pape aura ensuite une brève rencontre avec le rabbin Di Segni avant de planter un olivier marquant sa visite.
Après l'agression dont a été victime le pape lors de la messe de minuit, les mesures de sécurité sont draconiennes: la zone a été fouillée dans les jours précédents et les forces de sécurité sont présentes en grand nombre. Le trajet suivi par le pape pour parcourir les quelques kilomètres qui séparent le Vatican de la synagogue construite au bord du Tibre sera déterminé au dernier moment.