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Le principal suspect de l'attaque mortelle au couteau, survenue samedi soir à Paris, a été mis en examen et placé à l'isolement carcéral, mercredi soir, pour assassinat et tentative d'assassinat, en relation avec une entreprise terroriste et en état de récidive légale, et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

L'enquête se poursuit quatre jours après l'attentat terroriste qui a fait un mort deux blessés, dans la soirée de samedi 2 décembre, sur le pont de Bir-Hakeim, dans le 15e arrondissement de Paris. 

Le suspect, Armand Rajabpour-Miyandoab, a été mis en examen et écroué mercredi soir pour assassinat et tentative d'assassinat, en relation avec une entreprise terroriste et en état de récidive légale, et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, comme l'a indiqué son avocate. L'assaillant présumé a ensuite été placé à l'isolement carcéral. 

Quelques heures plus tôt, le parquet antiterroriste avait annoncé l'ouverture d'une information judiciaire, puis le Franco-Iranien a été présenté à un juge d'instruction. La garde à vue du avait été levée vers 16h mercredi, après 96h en cellule, comme la loi l'autorise dans le cadre d’une enquête en matière de terrorisme.

Comportement "très froid" et "désincarné" en garde à vue

Agé de 26 ans, connu des services de renseignement pour son islamisme radical et ses troubles psychiatriques, il a dit avoir agi en "réaction à la persécution des musulmans dans le monde".

Pendant sa garde à vue, il est apparu "très froid", "clinique", "désincarné", raconte une source proche de l'enquête.

Armand Rajabpour-Miyandoab, qui a fait allégeance au groupe Etat islamique (EI), avait été interpellé puis placé en garde à vue après l'attaque qui a causé samedi soir la mort d'un touriste germano-philippin de 23 ans à coups de couteau, et blessé deux autres personnes à coups de marteau, près de la Tour Eiffel, moins de huit mois avant les Jeux olympiques dans la capitale.

L'assaillant a dit avoir choisi cet endroit à dessein, d'après la source proche de l'enquête : le monument est un "lieu symbolique" et "il n'a pas supporté qu'elle soit allumée aux couleurs d'Israël", après les massacres commis par le mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre.

Dimanche, ses parents et une proche avaient été à leur tour placés en garde à vue dans les locaux de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Les parents, "très attachés à la France" selon la source proche de l'enquête, ont été remis en liberté dès lundi.

Une proche "appartenant à la sphère jihadiste"

La garde à vue de sa proche s'est poursuivie jusque dans la nuit de mardi à mercredi. Elle a finalement été levée mercredi matin "sans poursuites à ce stade", a précisé le Pnat, car "il n'y avait pas d'éléments à son encontre susceptible de caractériser une infraction pénale".       

Selon une source proche du dossier, cette femme de 27 ans "appartient à la sphère jihadiste" et avait reçu une proposition de mariage récente de l'assaillant. Ce dernier l'avait "vue la veille" de son passage à l'acte, selon une source proche de l'enquête.

Le gouvernement est sous pression depuis cet attentat survenu après celui mi-octobre d'Arras (Pas-de-Calais), qui a coûté la vie à un enseignant et conduit au relèvement du plan Vigipirate au niveau maximal "urgence attentat".

À l'extrême droite et à droite, des voix se sont élevées pour réclamer une extension de la "rétention de sûreté" aux condamnés pour actes terroristes.

Un suivi médical qui pose question

Armand Rajabpour-Miyandoab avait déjà été condamné à cinq ans d'emprisonnement pour association de malfaiteurs terroriste, après un projet d'action violente à la Défense, le quartier des affaires à l'ouest de Paris, en 2016. Il était sorti en mars 2020 de prison.

Avait-il encore des liens au sein de la sphère islamiste ? Les enquêteurs sont limités dans leurs investigations par le fait qu'ils n'ont pas retrouvé le téléphone de cet homme, selon la source proche de l'enquête.

Depuis samedi, son suivi médical a suscité interrogations et critiques. "Le risque zéro n'existe pas. Exiger cela n'est pas possible. Ce que l'on doit exiger des dirigeants, c'est que nous soyons pro-actifs", a commenté mercredi matin sur France 2 le Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti.

"La difficulté ici est l'injonction thérapeutique. Comment on peut contraindre quelqu'un à prendre ses médicaments ? C'est ce à quoi nous réfléchissons", a-t-il poursuivi.       

"Il y a eu manifestement un ratage psychiatrique", avait tranché lundi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, estimant lui aussi qu'il fallait "réfléchir à tout ça pour protéger les Français".

La famille s'était déjà inquiétée de son fils auprès de la police

Le procureur antiterroriste Jean-François Ricard avait indiqué dimanche que l'assaillant, fiché pour radicalisation islamiste, était "soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur" jusqu'à la fin de la mise à l'épreuve le 26 avril 2023, après une nouvelle expertise psychiatrique.

La mère du suspect avait confié en octobre à la police s'inquiéter pour son fils, voyant qu'il "se repliait sur lui-même", selon le procureur antiterroriste.

Les services de police avaient alors tenté de le faire examiner par un médecin et de l'hospitaliser d'office, une mesure finalement impossible en l'absence de troubles, selon une source proche du dossier.

D'après une source au sein des services de renseignement, environ 20 % des 5 200 personnes connues pour radicalisation en France souffrent de troubles psychiatriques.

Avec AFP