Une approche "d'égal à égal". La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a appelé lundi 29 janvier de ses vœux un nouveau partenariat avec l'Afrique, dévoilant les grandes lignes du "plan Mattei" qui vise à renforcer les relations économiques avec le continent, créer de nouvelles voies d'approvisionnement énergétiques et encadrer les flux migratoires.
S'exprimant à l'ouverture d'un sommet auquel participaient plus d'une vingtaine de dirigeants africains et de représentants de l'Union européenne, Giorgia Meloni a notamment promis d'engager dans un premier temps 5,5 milliards d'euros dans ce plan baptisé du nom d'Enrico Mattei, fondateur de l'Eni, le groupe énergétique italien.
"Nous pensons qu'il est possible d'envisager et d'écrire un nouveau chapitre dans l'histoire de nos relations, une coopération entre égaux, loin de toute prédation ou de toute charité envers l'Afrique", a-t-elle déclaré.
"Passer des paroles aux actes"
L'initiative a toutefois été accueillie froidement par certains participants, comme le président de la Commission de l'Union africaine Moussa Faki Mahamat, qui a déclaré qu'il aurait souhaité que l'Afrique soit consultée en premier lieu.
"Je voudrais insister ici sur la nécessité de passer des paroles aux actes. Vous comprenez bien que nous ne pouvons plus nous contenter de simples promesses qui, souvent, ne sont pas tenues", a-t-il réagi.
Les détracteurs du plan Mattei estiment que l'Italie, lourdement endettée, ne peut espérer rivaliser avec des pays comme la Chine, la Russie et les États du Golfe, qui cherchent tous à renforcer leur présence en Afrique, continent doté d'une abondance de ressources naturelles.
Giorgia Meloni a déclaré que son gouvernement chercherait à obtenir l'aide du secteur privé et d'institutions internationales telles que l'Union européenne. "Le plan Mattei s'inscrit parfaitement dans notre 'European Global Gateway', d'une valeur de 150 milliards d'euros. C'est notre plan pour l'Afrique", a déclaré Ursula von der Leyen lors de la réunion de lundi, faisant référence à un projet d'infrastructure dévoilé en 2021.
Gaz naturel
Giorgia Meloni a fait du plan Mattei un élément central de sa politique étrangère depuis son entrée en fonction fin 2022. Les ressources énergétiques sont au cœur des objectifs de Rome, qui ambitionne de faire de l'Italie la porte d'entrée sur les marchés européens du gaz naturel provenant d'Afrique, essentiel pour l'Europe depuis l'invasion russe de l'Ukraine.
Eni, le plus grand importateur de gaz naturel d'Italie, a déclaré que l'Algérie, l'Égypte et la Libye seraient les principaux fournisseurs de gaz de la péninsule au cours des prochaines années.
Giorgia Meloni a également déclaré que l'Europe devait soutenir l'industrie et l'agriculture en Afrique afin de renforcer les économies locales et de dissuader les jeunes Africains d'émigrer vers le Nord.
Quelque 157 600 migrants sont parvenus par bateau en Italie l'année dernière, un nombre record depuis 2016, mettant à mal la promesse électorale de Giorgia Meloni de freiner l'immigration clandestine.
"L'immigration de masse ne sera jamais stoppée et les trafiquants d'êtres humains ne seront jamais vaincus si nous ne nous attaquons pas aux nombreuses causes qui poussent une personne à quitter son foyer", a souligné Giorgia Meloni.
Avec Reuters