
Six mois après son arrestation, Clotilde Reiss, assignée à résidence à l'ambassade de France à Téhéran, attend toujours son jugement. Notre envoyé spécial en Iran a pu se rendre à l'université d'Ispahan, où elle a enseigné jusqu'en juin dernier.
Ispahan, troisième ville d’Iran, au sud de Téhéran. C’est ici qu’enseignait Clotilde Reiss, la jeune lectrice française arrêtée en juin dernier pour avoir participé aux manifestations consécutives à l'élection présidentielle du 12 juin, qui a vu le très conservateur Mahmoud Ahmadinejad se maintenir au pouvoir.
La jeune Française de 24 ans, qui parle couramment le farsi, apprenait le français aux étudiants de l’université de Technologie d'Ispahan depuis le mois de février, quand elle a été arrêtée. Elle était l’une des deux étrangères qui enseignaient dans cette faculté. Médiatisée en France, sa mésaventure n'a été que très peu relayée dans l'établissement. "Est-ce qu’on connaît Clotilde Reiss ? Non, malheureusement", reconnaît un étudiant. "Oui j’en ai entendu parler, rétorque un autre. Quand elle a été présentée devant le tribunal..."
Un troisième poursuit : "J’ai simplement entendu dire qu’elle avait pris une série de photos pendant les manifestations. Je pense qu’elle était une informatrice. C’est ce qu'ils ont dit à la télévision."
"Il y a une forte probabilité que tout cela ne soit qu'un malentendu"
La Française est effectivement accusée d’espionnage par l’Iran, mais les responsables de l’université d'Ispahan préfèrent garder leur distance avec cette affaire. "Je pense qu'elle est venue ici pour assouvir son désir de mieux connaître la culture iranienne. C'est dans ce cadre qu'elle a donné des cours de français, commente Mehdi Bijari, directeur du département Industrie à l’université de Technologie d’Ispahan. Il y a une forte probabilité que tout cela ne soit qu'un malentendu. Mais, en même temps, il n'est pas impossible que l’accusation soit justifiée."
Aujourd'hui, l’enquête suit son cours. Reste que la période de fortes tensions politiques que traverse l'Iran ne joue pas en faveur de la jeune femme. Les ressortissants étrangers sont, en effet, régulièrement présentés comme des ennemis du régime.
Depuis sa sortie de prison au mois d'août dernier, la jeune Française est toujours assignée à résidence à l’ambassade de France à Téhéran et reste à l’écart des journalistes. Elle risque toujours cinq ans de prison même si, pour la France, Clotilde Reiss est innocente.