logo

La libération d'otages retenus dans la bande de Gaza en échange de celle de Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes, qui doit avoir lieu vendredi après-midi, doit être accompagnée d’une pause dans les combats entre Israël et le Hamas. Une trêve qui devrait profiter militairement au Hamas, mais aussi politiquement au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, analyse Clive Jones, professeur de sécurité régionale à l'université de Durham.

Un accord attendu. La trêve entre Israël et le Hamas entrera en vigueur vendredi 24 novembre au matin, et les premiers otages, 13 femmes et enfants membres des mêmes familles, seront libérés dans l'après-midi. Un nombre encore inconnu de prisonniers détenus par Israël seront également libérés à ce moment-là.

Cet accord, obtenu par le Qatar, médiateur clé avec l’Égypte et les États-Unis, "prévoit un arrêt total des hostilités pendant quatre jours", a précisé le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari.

Durant ces quatre jours de trêve dans la bande de Gaza, "il y aura des moments où le ciel sera dégagé, pour que la libération des otages puisse se dérouler dans un environnement sûr", a poursuivi le responsable qatari, assurant qu'aucun drone ne survolera le territoire palestinien durant le processus.

Pour comprendre les enjeux de cette trêve, France 24 s’est entretenu avec Clive Jones, professeur de sécurité régionale à l'université de Durham.

France 24 : À qui va profiter la trêve dans la bande de Gaza ?

Clives Jones : La trêve donne un répit au Hamas sur le plan militaire. Il n’y a pas le moindre doute à ce sujet. Elle lui donnera la possibilité de se regrouper, de se recentrer et de repenser sa stratégie. De l'autre côté, le cessez-le-feu ne profitera pas nécessairement aux Forces de défense israéliennes de la même manière qu’il profitera au Hamas.

Ce qui rend difficile le ciblage des forces israéliennes par le Hamas, c’est le fait qu’elles n’ont pas perdu leur élan sur le plan militaire. Elles ne s'enlisent pas dans des bases fixes, elles sont constamment mobiles, ce qui empêche le Hamas de les attaquer facilement.

Il faut aussi tenir compte de l’aspect politique de la situation. Benjamin Netanyahu est sous pression, à la fois de la part des familles des otages et des partenaires internationaux, en particulier des États-Unis. Il est également conscient de la situation de son pays et de son impopularité. Il a fini par faire un calcul politique. Il a estimé qu’un cessez-le-feu serait bénéfique sur le plan politique, non seulement pour Israël, mais probablement aussi pour lui.

Comment la trêve peut-elle affecter les opérations militaires ?

Certains craignent que la trêve ne stoppe l’élan de l'offensive israélienne dans et autour de la ville de Gaza. De nombreux observateurs militaires s'accordent à dire qu'à ce jour, l'opération s'est bien déroulée pour les Israéliens, d'un point de vue purement militaire. Elle a permis de déstabiliser le Hamas.

Le nombre de roquettes tirées sur Israël s'est plus ou moins réduit au compte-gouttes. Il n'y a plus les mêmes tirs de roquettes depuis la bande de Gaza qu’au début de la guerre. Pendant ce temps, Israël a commencé à envahir les sites de lancement de roquettes et à dégager des tunnels.

Cela dit, je pense qu'il y a eu un débat au sein de Tsahal sur la question d’une pause dans les combats. L'argument a toujours été de dire qu'il fallait maintenir la pression militaire sur le Hamas et vers le sud de la bande de Gaza, afin d'accroître les chances de libération des otages.

Les combats entre Israël et le Hamas vont-ils reprendre après cette pause de quatre jours ?

Il est probable que les combats reprennent, mais il est impossible de dire pour l'instant si leur intensité sera la même qu'avant. Cela dépendra de plusieurs facteurs, notamment de la réussite de l'échange d'otages et de la sensibilité d’Israël à la pression internationale, principalement de la part des États-Unis. Le niveau de destruction de Gaza est mal perçu par l'opinion publique américaine, en particulier les jeunes électeurs. À ce stade, les Américains sont aussi attentifs aux préoccupations de leurs concitoyens qu’à celles exprimées plus largement au Moyen-Orient par leurs alliés arabes.

L’avenir de la situation dépendra en grande partie du Hamas après l’échange d’otages. Si Israël a promis de cesser les combats pendant un jour pour chaque dizaine d'otages libérés, il est encore trop tôt pour dire si les Israéliens eux-mêmes veulent une cessation des hostilités à plus long terme. En effet, leur objectif de guerre, comme ils ne cessent de nous le répéter, est le démantèlement de l'infrastructure terroriste du Hamas.