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Le régime lance des contre-manifestations dans tout le pays

Au lendemain de la vague d'arrestations visant opposants, journalistes et militants des droits de l'Homme, le régime iranien invite la population à participer à des rassemblements destinés à "humilier" le mouvement anti-Ahmadinejad.

AFP - Les arrestations d'opposants, incluant la soeur du prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi, se sont poursuivies mardi en Iran, où les autorités ont appelé à des contre-manifestations mercredi dans tout le pays.

La participation massive de la population à ces rassemblements va "humilier" ceux qui ont critiqué la répression des manifestations de dimanche, a affirmé le président Mahmoud Ahmadinejad. Il a qualifié ces manifestations de "scénario américano-sioniste" et s'en est pris aux dirigeants américains et britanniques.

"Ils vont voir que le peuple iranien, en se mobilisant sur le terrain, va les déshonorer une nouvelle fois", a déclaré M. Ahmadinejad, cité par l'agence Irna.

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Téhéran a également accusé Londres d'ingérence dans les affaires intérieures iraniennes, et convoqué l'ambassadeur britannique. Ce dernier a répondu que "le gouvernement iranien doit respecter les droits de l'Homme de ses propres citoyens", a précisé le Foreign Office.

Les autorités ont continué mardi à arrêter les opposants, visant notamment journalistes et militants des droits de l'homme mais aussi la soeur de Mme Ebadi.

La prix Nobel, qui vit en exil et est très critique à l'égard du gouvernement, a estimé qu'il s'agissait d'une tentative de pression contre elle car sa soeur "n'avait aucune activité politique".

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Le site Rahesabz, principal forum de l'opposition réformatrice, a annoncé sept nouvelles arrestations de journalistes, dont deux dirigeants de l'Association des journalistes iraniens.

La police a aussi arrêté une militante des droits des femmes, ainsi que le beau-frère de l'opposant Mir Hossein Moussavi, selon Rahesabz.

Lundi, les autorités avaient arrêté au moins une quinzaine de journalistes, défenseurs des droits de l'homme ou personnalités proches des dirigeants de l'opposition.

Le président français Nicolas Sarkozy a condamné "la répression sanglante des manifestations en Iran" et mis en garde "contre des arrestations supplémentaires, qui aggraveraient encore la situation".

Les chefs de l'opposition, contre lesquels plusieurs hauts responsables du régime ont demandé des sanctions judiciaires exemplaires, ont reçu de nouveaux avertissements.

L'ayatollah Abbas Vaez Tabasi, représentant du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, dans la province de Khorosan (nord-est), a ainsi affirmé qu'ils étaient des "ennemis de Dieu" qui méritaient la mort en vertu de la loi islamique, selon l'agence Fars.

Le président du Parlement Ali Larijani leur a enjoint de se distinguer du mouvement "pernicieux" qui conteste la réélection de M. Ahmadinejad en juin, et de s'abstenir à l'avenir de toute critique.

Le pouvoir se concentre sur deux dirigeants de l'opposition, M. Moussavi, un ancien Premier ministre, et l'ex-président du Parlement Mehdi Karoubi.

Les manifestations de dimanche à Téhéran et dans plusieurs grandes villes iraniennes, qui ont fait huit morts et des centaines de blessés et d'arrestations, sont les plus importantes et les plus violentes depuis celles qui avaient suivi la réélection du président Ahmadinejad.

Pour y répondre, les autorités ont organisé mardi des manifestations dans plusieurs villes, dénonçant les "insultes" aux valeurs religieuses. La télévision a montré des milliers de manifestants à Tabriz, Ispahan ou encore Machhad.

Les autorités ont annoncé de nouveaux rassemblements mercredi dans tout l'Iran "contre ceux qui n'ont pas respecté les valeurs de l'Achoura", allusion à l'opposition qui a profité de cette journée de deuil religieux chiite pour organiser ses manifestations.