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En Iran, le rappeur Toomaj Salehi a été libéré après un an de prison
Célèbre pour ses chansons critiques du pouvoir iranien, le rappeur Toomaj Salehi, arrêté en octobre 2022 et emprisonné, a été libéré sous caution, d'après son avocat qui s'est confié au quotidien réformateur Shargh. L'artiste dissident avait été "sévèrement torturé" les premiers jours suivant son arrestation.

Le célèbre rappeur iranien Toomaj Salehi a été libéré sous caution après avoir passé plus d'un an en prison pour son soutien au mouvement de contestation provoqué par la mort de Mahsa Amini en septembre 2022, a rapporté un média local dans la nuit de samedi 18 à dimanche 19 novembre.

Le musicien de 32 ans avait été arrêté en octobre 2022 puis condamné à six ans et trois mois de prison pour "corruption sur terre".

Toomaj Salehi "est sorti de prison" après une décision de la Cour suprême, a indiqué son avocat Amir Raisian au quotidien réformateur Shargh.

"Il est devenu un symbole pour tout un pays"

Ce rappeur populaire avait soutenu dans ses chansons et sur les réseaux sociaux le mouvement de contestation déclenché après la mort le 16 septembre 2022 de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne détenue par la police des mœurs, qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict pour les femmes.

L'Autorité judiciaire avait ensuite accusé le chanteur de "propagande contre le système", d'avoir "troublé la sécurité" du pays, "coopéré avec les États hostiles à la République islamique" et "incité à la violence".

Des artistes étrangers lui avaient alors apporté leur soutien, craignant qu'il ne soit condamné à mort.

"Toomaj est le seul rappeur iranien qui parle des classes ouvrières et des défavorisés. Ses textes sont politiques et très beaux. C’est un poète dont les mots n’appellent pas à la violence mais ils appellent au réveil", avait estimé sur France 24 l'autrice de "Persepolis" Marjane Satrapi, qui a milité pour la libération de l’artiste. "Il est devenu un symbole pour tout un pays. La libération de Toomaj voudrait dire la libération de la parole en Iran", avait-elle souligné.

Un œil blessé, une cheville cassée

En avril, le Centre pour les droits humains en Iran (CHRI), basé à New York, avait tiré la sonnette d'alarme sur l'état du santé du rappeur iranien, qui avait besoin d'un traitement médical "d'urgence".

Le rappeur avait été "sévèrement torturé" les premiers jours suivant son arrestation : son œil gauche a été sérieusement blessé par des coups à la tête et sa cheville droite a été cassée, avait confié une source – non citée pour des questions de sécurité – au CHRI.

Plusieurs centaines de personnes, dont des membres des forces de l'ordre, ont été tuées et des milliers arrêtées au cours des manifestations qui se sont tenues en octobre et novembre 2022 en Iran, avant de refluer. Sept hommes ont été exécutés pour leur implication dans ce mouvement.

Avec AFP