Certains l’attendaient au "All Star Game" dimanche soir, il devra finalement se contenter du "Rising Stars Challenge" (le "Challenge des étoiles montantes"). Le basketteur français Victor Wembanyama participe, vendredi 16 février, au match de gala réunissant les meilleurs jeunes joueurs de la NBA. Une rencontre organisée dans le cadre du All Star Weekend : trois jours de festivités organisés tous les ans pour promouvoir la ligue nord-américaine de basket et dont le clou du spectacle se tient le dimanche soir avec le "match des étoiles" réunissant les plus grandes vedettes de la NBA.
Victor Wembanyama peut se consoler en se rappelant qu’être retenu parmi les 24 meilleurs joueurs de la ligue dès sa saison "rookie" – première année dans la ligue – est assez rare. Seuls 11 joueurs y sont parvenus ces 40 dernières années, dont Michael Jordan (1985), Patrick Ewing (1986), David Robinson (1990), Shaquille O’Neal (1993) ou encore Tim Duncan (1998). Mais de leur côté, ni LeBron James, ni Kobe Bryant – deux des plus grands joueurs de l’histoire – n’avaient été sélectionnés quand ils étaient rookies.
"Bien sûr, être sélectionné pour le 'All Star Game' aurait été une belle réussite, surtout dès ma première saison [en NBA]. Mais honnêtement, mon objectif principal reste d’essayer de gagner des matches et de progresser avec mon équipe", a relativisé le phénomène français de tout juste 20 ans, le 8 février, en conférence de presse, préférant parler du collectif plutôt que de ses performances individuelles.
Ces dernières ont pourtant de quoi impressionner. Avec 20,5 points, 10 rebonds, 3,2 passes décisives et 3,2 contres en 28,4 minutes jouées en moyenne par match, Victor Wembanyama s’est déjà imposé comme le meilleur marqueur et le meilleur rebondeur parmi les rookies, et est même d’ores et déjà le meilleur contreur de toute la NBA.
Un triple-double avec 10 contres, une première depuis 34 ans
Surtout, le géant de 2,24 mètres de haut a établi quelques performances exceptionnelles depuis le début de la saison, à l’image de ses 38 points inscrits dès son cinquième match ou de ses deux triple-doubles.
Symbole d'un match complet et de grand standing pour un basketteur, le triple-double est réussi en obtenant plus de dix unités dans trois catégories statistiques, le plus souvent les points, les rebonds et les passes décisives. Victor Wembanyama était devenu, le 10 janvier face aux Detroit Pistons, le 5e plus jeune joueur de l’histoire de la NBA à en réaliser un (16 points, 12 rebonds, 10 passes décisives).
Il a fait encore mieux le 12 février sur le parquet des Toronto Raptors, en l’atteignant avec 10 contres (27 points, 14 rebonds, 10 contres au final) – un exploit qui n’avait pas été réalisé par un rookie depuis 34 ans.
"Il me bluffe", s’enthousiasme Jacques Monclar, ancien joueur de l’équipe de France et ancien entraîneur, aujourd’hui consultant pour la chaîne beIN Sports, qui diffuse la NBA dans l'Hexagone. "Son bilan est très très très positif, poursuit-il. Il a confirmé le statut que tout le monde lui donnait avant son arrivée dans la ligue et a levé l’incertitude qui existait sur sa capacité à enchaîner les rencontres. Les seuls bémols concernent ses pertes de balle (3,5 en moyenne) et son pourcentage de réussite (46,8 %). Mais il s’améliore, il est en train d’apprendre à faire le tri dans ses tirs."
Les stars NBA ne tarissent pas d’éloge à son égard. "Il va changer le jeu, c’est sûr à 100 %. Il en prend déjà le chemin, donc profitez-en et regardez le spectacle", a notamment répondu aux journalistes Nikola Jokic, élu meilleur joueur du championnat ("Most Valuable Player") la saison dernière, et champion NBA 2023 avec les Denver Nuggets, après avoir affronté Victor Wembanyama.
Des mauvais résultats qui noircissent le tableau
Pour autant, les mauvais résultats s’accumulent pour les San Antonio Spurs et viennent noircir ce premier bilan. Avec 11 victoires pour 44 défaites, le club aux cinq titres (1999, 2003, 2005, 2007, 2014) est actuellement dernier de la conférence Ouest et 28e sur 30 dans toute la ligue.
Pire, avec seulement 27 rencontres à disputer d'ici la fin de la saison, le bilan final des Spurs pourrait être plus mauvais encore que celui établi l’an dernier (22 victoires et 60 défaites) sans Victor Wembanyama.
"Autour de lui, c’est une équipe très faible, souligne Jacques Monclar. Les Spurs n’ont pas d’autre ambition pour cette saison que de développer leurs jeunes joueurs. Ceux qui les imaginaient se qualifier pour les playoffs [la phase finale du championnat, NDLR] grâce à Wemby avaient des attentes démesurées."
Un discours en phase avec la patience prônée par le légendaire coach des Spurs, Gregg Popovich. "Le premier titre de Michael Jordan est arrivé à sa septième année en NBA. Nikola Jokic vient de remporter sa première bague, et ça lui a pris huit ans. On a le droit d’espérer que ça aille plus vite pour Victor, mais on ne peut pas sauter les étapes. Cela prend du temps de façonner une équipe", a-t-il déclaré le 6 février dans L’Équipe, bien conscient des énormes attentes placées dans son jeune prodige.