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Quatre jours seulement avant la reprise des manifestations de l'opposition en Iran, notre envoyé spécial dans le pays, Alain Chabod, a été autorisé à filmer à l'université de Téhéran. Reportage exclusif.

Mercredi 23 décembre, sur le campus de l’université de Téhéran, la plus ancienne et la plus réputée d'Iran. Les autorités nous ont accordé une autorisation valable une heure pour effectuer notre reportage. Ici, les caméras occidentales se font rares depuis les élections de juin dernier, qui avaient été suivies de manifestations violemment réprimées.

Quant aux étudiants, peu nombreux sont ceux qui acceptent de s'exprimer. Surtout pour parler politique... "Je n’ai pas d’avis sur la question mais la liberté d’expression est totale ici", lâche une jeune femme, le regard fuyant.

Un peu plus loin s’élève une mélopée en hommage au grand ayatollah Hossein Ali Montazeri, l'une des principales figures de l’opposition au régime, décédé le 20 décembre. Bien que tout rassemblement en l'honneur du dignitaire religieux ait été interdit, une vingtaine d’étudiants brandissent pacifiquement des portraits du défunt. Discrètement, nous nous approchons, la caméra au poing. Fondus dans le paysage, des bassidjis - les miliciens du régime - sont aux aguets. Un garde de l’université nous demande d’arrêter de filmer. Nous nous exécutons.

Un lacet vert en signe de contestation

Dans une allée du campus, un groupe d’étudiantes au look occidental discute. Elles acceptent de témoigner sous couvert d’anonymat. L’une d’entre elles tient à ce que nous filmions ses baskets sur l'une desquelles elle arbore un lacet vert, couleur de l’opposition.

"Les opposants ne peuvent pas s’exprimer et il n’existe aucune organisation d’opposition estudiantine", déplore-t-elle.

"Ici, à l’université, les opposants sont peu nombreux et isolés, renchérit l'une de ses amies. Ils sont très vite identifiés par le comité de vigilance islamique et ils finissent pas être expulsés."

La première nous confie qu’elle souhaite quitter l’Iran pour aller étudier aux États-Unis. La seconde avoue avoir passé une semaine en prison après la présidentielle pour avoir participé aux manifestations. Elle est toujours en attente de jugement...