Au lendemain de l'arrestation de plusieurs figures de l'opposition, les autorités lancent un message sans ambigüités aux réformistes tentés par la contestation. Ce mardi, la sœur du Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi a, notamment, été arrêtée.
Deux jours après les manifestations qui ont secoué l'Iran, dimanche, pour protester contre le gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad, les arrestations d'opposants se poursuivent. La sœur du prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi, Noushine, a, notamment, été interpellée aujourd'hui.
it"Le peuple se déchaîne, on est arrivé à un stade révolutionnaire", analyse pour FRANCE 24 le prince Reza Pahlavi, fils du dernier shah d'Iran qui vit en exil depuis trente ans. Celui-ci fustige par ailleurs le fait "qu'un régime aussi brutal, basé uniquement sur une interprétation radicale de la religion, puisse se maintenir au pouvoir, surtout par la force".
Face à la contestation, les autorités ont organisé, aujourd'hui, des manifestations de soutien au gouvernement, dénonçant les "insultes" proférées contre les valeurs religieuses. Cette contre-attaque permet au régime de "faire croire qu'il a toujours une légitimité", critique le prince Reza Pahlavi.
Le président du Parlement, Ali Larijani, demande à ce que soient "arrêtés les blasphémateurs" et appelle à "réfléchir à la plus forte sanction, sans aucun pardon".
Kouchner souhaite la libération "des personnes injustement détenues"
Les autorités ont arrêté, hier, une quinzaine de personnalités proches de l'opposition, dont des journalistes et des défenseurs des droits de l'Homme. Le site Rahesabz, principal forum de l'opposition réformatrice, annonce sept nouvelles arrestations de journalistes ce mardi, dont celles de deux dirigeants de l'Association des journalistes iraniens, Mashallah Shamsolvaezine et Badrolsadat Mofidi.
itDe son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a demandé aux autorités iraniennes "de libérer toutes les personnes injustement détenues", ajoutant avoir appris "avec beaucoup d'anxiété l’arrestation de Noushine Ebadi, la soeur de Shirin Ebadi, prix Nobel de la paix 2003", qu'il qualifie de "pression inacceptable sur cette militante courageuse de la société civile".
En exil, Shirin Ebadi s'insurge contre l'arrestation de sa sœur, qui "n'avait aucune activité politique", et affirme qu'il s'agit d'une initiative qui la vise personnellement.
Alors que ces manifestations sont considérées comme les plus violentes depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad, le 12 juin dernier, celui-ci pointe du doigt l'Occident. Tout en évoquant un "scénario commandé par les sionistes et les Américains", il dénonce "un spectacle qui fait vomir".
Les responsables étrangers "recevront une gifle"
Le président des États-Unis, Barack Obama, a condamné, hier, la "violente et injuste" répression des manifestations. Le chef de la diplomatie britannique, David Miliband, a salué, lui, le "grand courage" des manifestants.
"S'ils ne cessent pas leurs commentaires absurdes, ils recevront une gifle", leur a répondu aujourd'hui le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, qui crie à l'ingérence et s'insurge contre "les propos stupides de certains responsables étrangers". Les médias iraniens rapportent que l'ambassadeur de Grande-Bretagne à Téhéran a été convoqué.
Par ailleurs, le neveu du dirigeant d'opposition Mir Hossein Moussavi a été tué dimanche "par arme à feu dans une rue adjacente" à celle où se déroulaient les manifestations, selon la police iranienne qui parle d'un événement sans rapport avec les émeutes. "Une enquête exhaustive est en cours pour identifier les terroristes responsables de cet incident", affirme un communiqué.
Les autorités ont annoncé de nouveaux rassemblements, mercredi, partout en Iran, pour s'opposer à "ceux qui n'ont pas respecté les valeurs de l'Achoura", la fête religieuse musulmane qui était célébrée dimanche.