Les deux favoris des Golden Globes n'auront pas connu le même sort dimanche 7 janvier : "Oppenheimer" triomphe lors de la 81e cérémonie à Beverly Hills, quand "Barbie" n'est que peu distingué.
Le long-métrage de Christopher Nolan, qui décortique la vie de Robert Oppenheimer et ses recherches sur la bombe thermonucléaire, remporte cinq Golden Globes : celui du meilleur film dramatique, du meilleur réalisateur, du meilleur acteur pour Cillian Murphy, du meilleur second rôle pour Robert Downey Jr et le prix de la meilleure bande originale.
You're a #GoldenGlobes winner! Congrats on winning Best Male Actor – Motion Picture – Drama for your role in Oppenheimer, Cillian Murphy! 🥳 pic.twitter.com/Uk9elJsRO1
— Golden Globe Awards (@goldenglobes) January 8, 2024Christopher Nolan a eu le triomphe modeste : "En tant que réalisateurs, nous réunissons des gens et nous essayons de les amener à donner le meilleur d'eux-mêmes", a expliqué le créateur d'"Inception" et d'"Interstellar", rendant hommage à ses acteurs.
De son côté, "Barbie", l'autre favori de la soirée, a été boudé par le jury. Les votants lui ont préféré "Pauvres Créatures", déjà honoré par le Lion d'Or à la Mostra de Venise, pour le titre de meilleure comédie. Dans la même logique, c'est Emma Stone et son rôle de Frankenstein au féminin dans ce film fantaisiste, qui a été élue meilleure actrice, plutôt que l'interprète de la poupée peroxydée, Margot Robbie.
Nominée neuf fois, la satire féministe de Greta Gerwig, qui voit Barbie découvrir la misogynie du monde réel, a dû se contenter de deux récompenses secondaires : le nouveau Golden Globe du meilleur succès commercial – logiquement attribué après sa domination écrasante au box-office l'an dernier – et celui de la meilleure chanson.
"Anatomie" d'un succès français
Un long-métrage français a en revanche suscité l'engouement. Après avoir raflé la Palme d'or à Cannes l'an dernier, "Anatomie d'une chute" a décroché les Golden Globes du meilleur scénario et du meilleur film étranger.
Ce film, qui raconte la dégringolade d'un couple où la femme est accusée du meurtre de son mari, "traite de la vérité et de l'impossibilité de la cerner", a expliqué sa réalisatrice, Justine Triet.
"Je vous remercie de m'encourager à poursuivre exactement ce que j'aime", a-t-elle déclaré, en racontant sa surprise devant les honneurs répétés du monde du cinéma pour ce film d'auteur. Pendant l'écriture avec son compagnon Arthur Harari, "nous n'arrêtions pas de nous dire que nous nous amusions beaucoup, mais que personne n'irait voir ce film."
Ce double succès risque de susciter des regrets en France, car "Anatomie d'une Chute" ne pourra pas prétendre à l'Oscar du meilleur film international. Il a été snobé pour représenter l'Hexagone au profit de la "Passion de Dodin Bouffant", une romance historique entre deux gastronomes.
Les séries "Succession" et "The Bear" distinguées
Lily Gladstone a remporté le prix de la meilleure actrice dans un film dramatique, pour son rôle d'amérindienne confrontée à l'avidité capitaliste et à une série de meurtres dans sa tribu, dans la fresque historique de Scorsese "Killers of the Flower Moon".
"C'est une victoire historique, elle n'appartient pas qu'à moi", a souligné la comédienne amérindienne.
Côté télévision, "Succession", chronique des luttes de pouvoir au sein d'une famille à la tête d'un empire médiatique, a dominé, avec le prix de la meilleure série dramatique et des récompenses pour ses acteurs Kieran Culkin, Sarah Snook et Matthew Macfadyen.
Succession accepts the award for Best Drama Series! #GoldenGlobes pic.twitter.com/cF9kwKK9z3
— Golden Globe Awards (@goldenglobes) January 8, 2024La série "The Bear", qui plonge dans l'arrière-cuisine d'un restaurant de Chicago, a elle dominé dans la catégorie comédie.
Enfin la production américano-coréenne "Acharnés" a remporté le prix de la meilleure mini-série.
Une cérémonie en quête de renouveau
Longtemps considérée comme un tremplin vers les Oscars, l'ex-soirée préférée d'Hollywood a été minée par des scandales de corruption et de racisme ces dernières années.
Pour sortir de cette mauvaise passe, l'association de la presse étrangère d'Hollywood (HFPA), qui avait créé ces récompenses et concentrait les accusations de manquements éthiques et d'amateurisme, a été dissoute. La nouvelle organisation a largement diversifié le jury, en invitant des critiques issus du monde entier.
Des réformes saluées malicieusement par Robert Downey : "Aux journalistes des Golden Globes : merci d'avoir changé les règles de votre jeu, et donc votre nom", a lancé le comédien.
Leonardo DiCaprio, Martin Scorsese, Oprah Winfrey... Le gratin avait répondu présent cette année, loin du boycott de la cérémonie en 2022.
Après la grève des acteurs et scénaristes qui l'a paralysé pendant six mois, Hollywood semblait prêt à passer l'éponge et désireux de relancer la machine promotionnelle avant les Oscars en mars.
Seule exception notable, l'humoriste Ricky Gervais, qui avait présenté la cérémonie par le passé, était absent malgré sa récompense pour le meilleur spectacle de stand-up.
Avec AFP