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Dmitri Medvedev promet une grande réforme du système judiciaire

Lors d'un entretien télévisé, le président russe a promis de réformer le système judiciaire de son pays, qui fait régulièrement l'objet de critiques des associations de défense des droits de l'Homme.

AFP - Le président russe Dmitri Medvedev a promis jeudi, dans un entretien à la télévision, une refonte du système judicaire, de la police et des prisons, des institutions héritées de l'époque soviétique et au coeur de nombreux scandales ces derniers mois.

Le chef de l'Etat russe a commencé par critiquer, lors de cette interview en direct de plus d'une heure, le système carcéral inchangé "depuis des décennies" et très critiqué par les défenseurs des droits de l'Homme.

"Notre système d'application des peines n'a pas changé depuis des décennies et il y a des insuffisances importantes", a-t-il déclaré. "Il n'y a pas d'ordre et il faut y mettre de l'ordre", a ajouté le chef de l'Etat.

"Malheureusement, en partie, (le système) résiste au changement et c'est pour cela qu'il faut y mettre de l'ordre, il faut faire venir de nouvelles personnes capables de conduire ces changements", a constaté M. Medvedev.

Ces déclarations interviennent après la mort en prison début décembre d'un avocat poursuivi pour fraude fiscale, Sergueï Magnitski. Le journal Novaïa Gazeta avait alors publié des extraits du journal intime du juriste, qui y racontait sa détention et notamment l'insalubrité, le froid et la faim y régnant.

Dmitri Medvedev avait limogé peu après une vingtaine de responsables du Service fédéral d'application des peines, l'administration en charge des prisons et pénitenciers russes et héritière du tristement célèbre Goulag.

S'il n'a pas fait référence aux conditions de détention, le président russe a dénoncé la logique prévalente du tout répressif : "il nous faut comprendre qu'en ce qui concerne par exemple certains délits économiques (...) il n'est vraiment pas nécessaire de jeter les gens en prison".

"Il faut qu'on fasse en sorte que la personne, en sortant de prison, puisse être prête à une vie d'homme normal, et non de chef criminel", a-t-il conclu.

Le président russe a aussi reconnu à demi-mot les insuffisances du système judicaire, alors qu'il était interrogé sur l'expression russe de "justice Basmanny", un terme qui fait référence au manque d'indépendance des tribunaux et qui doit son nom à la cour qui condamna en 2005 l'ex-patron du groupe pétrolier Ioukos, Mikhaïl Khodorkovski.

Cette affaire est largement considérée par les analystes comme ayant été inspirée par le Kremlin, qui voulait rétablir le contrôle de l'Etat sur de précieux actifs et mettre au pas un homme d'affaires manifestant des ambitions politiques indépendantes.

"Je ne suis pas sûr que ce terme (de justice Basmanny) soit exact et correct, mais s'il sous-entend des décisions judiciaires illégales qui sont prononcées dans différents endroits du pays (...) alors c'est un mal contre lequel il faut lutter", a-t-il dit.

Mais ni M. Medvedev, ni les directeurs des trois chaînes télévisées qui l'interogeaient n'ont fait référence à la décision mercredi de la Cour suprême russe de juger illégale l'arrestation en 2003 de Platon Lebedev, l'associé et co-accusé de M. Khodorkovski.

Enfin, le président russe s'est montré critique envers le fonctionnement de la police russe qui est au coeur d'une série de scandales de meurtres, de corruption et de fabrication de preuves.

"Il faut ici, sans aucun doute, des réformes assez fermes et sérieuses", a-t-il déclaré, promettant de signer jeudi un décret pour "perfectionner" le ministère de l'Intérieur.

"Les griefs de nos citoyens envers le ministère de l'Interieur se sont accumulés (...) et une grande partie d'entre eux sont très certainement absolument justifiés", a reconnu le président russe, jugeant cependant nécessaire de maintenir "l'ossature" du ministère.