Vingt-quatre heures après son report en raison d'une mauvaise météo, la mission européenne Juice s'est élancée, vendredi à la mi-journée. La sonde Juice s'est séparé quelques minutes plus tard de la fusée Ariane 5 avec succès. Le voyage, en direction de Jupiter et de ses lunes glacées en quête d'environnements habitables pour une vie extra-terrestre, doit durer huit ans.
La sonde spatiale européenne Juice a décollé vendredi, lors d'une deuxième tentative, à bord d'une Ariane 5, à destination de Jupiter et ses lunes glacées pour y chercher des environnements propices à des formes de vie extra-terrestre.
La fusée s'est propulsée depuis le port spatial européen de Kourou en Guyane française à 12 h 14 GMT, (14 h 14 heure de Paris), 24 heures après le report de son lancement en raison de risques d'orages. Sa trajectoire est "nominale", c'est-à-dire conforme à ce qui est attendu, selon les équipes sur place. La sonde s'est séparé quelques minutes plus tard de la fusée Ariane 5 avec succès.
Jeudi, les équipes du Centre spatial guyanais ont interrompu les opérations à cause d'un risque de foudre, tandis que plusieurs personnalités, dont le roi des Belges Philippe et les astronautes français Thomas Pesquet et allemand Matthias Maurer, étaient venues assister au lancement depuis la salle de contrôle de Jupiter.
Quelques minutes avant le décompte final, "une grosse masse nuageuse s'est approchée et on a mis un 'rouge météo', car on ne pouvait absolument pas procéder au lancement du fait de ce risque de foudroiement", explique à l'AFP Stéphane Israël, le président d'Arianespace.
À la recherche de formes de vie extra-terrestres
Mission phare de l'Agence spatiale européenne (ESA), Juice (Jupiter Icy Moons explorer) doit explorer Jupiter et ses lunes glacées, en quête d'environnements habitables pour des formes de vie extra-terrestres. C'est la première fois que l'Europe spatiale s'élance vers une planète du système solaire externe, qui commence après Mars.
Le voyage est prévu pour durer huit ans. Ne pouvant rejoindre directement Jupiter, l'engin devra en passer par de complexes man œu vres d'assistance gravitationnelle qui consistent à utiliser la force d'attraction d'autres planètes pour gagner de la vitesse.
Par un survol Lune-Terre d'abord, puis de Vénus, en 2025, puis à nouveau de la Terre en 2029, avant de prendre son élan vers le mastodonte du système solaire et ses plus grandes lunes, découvertes par Galilée il y a 400 ans: Io la volcanique et ses trois comparses glacées Europe, Ganymède et Callisto.
Juice cible plus précisément Ganymède. Elle ira se placer en 2034 en orbite autour de ce satellite naturel, le plus gros du système solaire et le seul à posséder un champ magnétique le protégeant des radiations.
La quête principale de Juice est de trouver des environnements propices à l'apparition de la vie. Si Jupiter, planète gazeuse, est inhabitable, ses lunes Europe et Ganymède sont des candidates idéales: sous leur surface de glace, elles abritent des océans d'eau liquide. Or, seule l'eau à l'état liquide rend la vie possible.
L'enjeu de la mission est de connaître la composition de son océan, pour savoir si un écosystème pourrait s'y développer.
"C'est la sonde la plus complexe jamais envoyée sur Jupiter", a déclaré Philippe Baptiste, président du Centre national d'études spatiales (CNES). Conçue par Airbus, Juice embarque dix instruments scientifiques (caméra optique, spectromètre imageur, radar, altimètre, magnétomètre...).
Le lancement de Juice, d'un coût de 1,6 milliard d'euros, intervient en pleine crise des lanceurs pour l'Europe, quasiment privée d'accès autonome à l'espace après le départ des fusées russes Soyouz de Kourou, des retards cumulés d'Ariane 6 et l'échec du premier vol commercial de Vega C.
Il s'agit de l'avant-dernier vol d'une fusée Ariane 5, avant l'arrivée d'Ariane 6 prévue pour fin 2023.
Avec AFP