logo

Vladlen Tatarsky, célèbre blogueur russe, a été tué dimanche dans l'explosion d'un café de Saint-Pétersbourg. Fervent défenseur de l’offensive militaire en Ukraine, il était suivi par plus d'un demi-million de personnes sur sa chaîne Telegram.

Il était une figure éminente du mouvement conservateur et belliciste d’influenceurs soutenant activement le Kremlin, selon le New York Times. Maxime Fomine, connu sous le pseudonyme de Vladlen Tatarsky, a été tué dimanche 2 avril par un "engin explosif" à Saint-Pétersbourg.

L’explosion a eu lieu dans un café, où le blogueur s'exprimait à l'occasion d'une conférence d'une organisation baptisée "Cyber Z Front" favorable à l'opération des forces russes en Ukraine. L'établissement est détenu par le patron du groupe paramilitaire Wagner, Evgueni Prigojine.

"On tuera tout le monde"

Originaire du Donbass ukrainien, l'homme de 40 ans se rendait régulièrement sur le front côté russe. Selon le New York Times, il confiait dans ses vidéos s'opposer à l'indépendance de l'Ukraine depuis son enfance. Il s'en prenait souvent à la langue et à la culture ukrainiennes – bien que son arrière-grand-mère parlait ukrainien, selon le blogueur – et soutenait que l'Ukraine, qui a déclaré son indépendance de l'Union soviétique en 1991, devait faire partie de la Russie.

Ancien mineur de charbon de l'est de l'Ukraine, il avait été incarcéré dans le pays pour un braquage en 2011, selon les médias russes. En 2014, profitant des affrontements déclenchés dans le Donbass par des séparatistes pilotés par Moscou, il s'était échappé de prison pour rejoindre ces combattants.

En 2019, il avait quitté les forces séparatistes, selon le quotidien Kommersant, pour se faire un nom en tant que blogueur. Au début de la guerre, il est devenu membre d'un groupe restreint mais influent de blogueurs militaires qui ont soutenu le conflit, publiant régulièrement des mises à jour sur l'avancée des troupes sur les lignes de front ou faisant miroiter des scoops sur de potentielles offensives ou de grandes décisions politiques telles que les mobilisations. Dans le même temps, ce mouvement a été parmi les critiques les plus virulents de l'effort de guerre russe, présentant les hauts gradés de l'armée comme inefficaces, paresseux et indifférents à la vie des troupes russes envoyées au combat, relate le journal britannique The Guardian.

En septembre dernier, Vladlen Tatarsky avait publié une vidéo alors qu’il se trouvait à une réception au Kremlin célébrant l'annexion de régions ukrainiennes. "On vaincra tout le monde, on tuera tout le monde, on volera tous les gens qu'il faudra, tout sera comme on aime", avait-il lâché face caméra.

Après sa mort, des habitants de Saint-Pétersbourg venus apporter mardi des fleurs sur les lieux de l'attentat ont dit à l'AFP leur "choc". "C'était l'une des personnes que j'avais l'habitude d'écouter très attentivement. C'est une très grande perte", a déclaré Igor Ivanov, un étudiant de 18 ans. "Aujourd'hui, on peut s'attendre à un coup dur n'importe où et n'importe quand", a noté Vladislav Andreïev, logisticien de 27 ans.

Décoré à titre posthume

Au lendemain de l’explosion, le président russe Vladimir Poutine a décoré le blogueur à titre posthume. L'Ordre du courage est décerné à Maxime Fomine "pour le courage et la bravoure dont il a fait preuve dans l'exercice de ses fonctions professionnelles", peut-on lire dans un décret publié sur le site du Kremlin.

Moscou a accusé lundi l'Ukraine d'avoir orchestré l'attentat avec la complicité de partisans de l'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny. La police a diffusé les aveux d’une jeune femme, Daria Trepova, 26 ans, présentée par les enquêteurs comme une militante du Fonds de lutte contre la corruption d'Alexeï Navalny, interdit en Russie depuis 2021.

Russie : qui était Vladlen Tatarsky, le blogueur militaire tué à Saint-Pétersbourg ?

"J'ai apporté une statuette qui a explosé" dans le café, a indiqué Daria Trepova dans la vidéo publiée après son interpellation par le ministère russe de l'Intérieur. À la question d'un policier lui demandant qui lui avait transmis cette bombe, elle a répondu qu'elle expliquerait cela "plus tard". L'affaire a été qualifiée d'"acte terroriste", "planifié et organisé du territoire ukrainien", a dit le Comité d'enquête, mettant en avant les "opinions d'opposition" au Kremlin de la jeune femme.

Vladlen Tatarsky est la deuxième figure de l’ultranationalisme russe tuée depuis le début de l’invasion de grande ampleur en Ukraine. En août, Daria Douguina, fille d’Alexandre Douguine, idéologue considéré comme proche de Vladimir Poutine, avait trouvé la mort dans l’explosion de sa voiture. La Russie avait alors accusé Kiev malgré ses démentis.

Avec AFP