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Législatives partielles : des Français de l'étranger rappelés aux urnes

Après la décision du Conseil constitutionnel d'annuler les scrutins qui se sont tenus dans les 2e, 8e et 9e circonscriptions des Français établis hors de France lors des législatives de juin 2022, les électeurs sont appelés à voter une nouvelle fois les 2 et 16 avril. 

Retour aux urnes. Les électeurs de trois circonscriptions de l'étranger sont de nouveau convoqués dimanche 2 avril, après la décision du Conseil constitutionnel d'invalider les résultats de juin dernier, avec en toile de fond la crise politique israélienne et les tensions diplomatiques entre Paris et Rabat.

Après avoir constaté des "irrégularités" et des "manœuvres" de ses sympathisants "de nature à altérer la sincérité du scrutin", le Conseil constitutionnel a annulé la victoire du controversé député apparenté LR Meyer Habib dans la 8e circonscription des Français de l'étranger, qui regroupe plusieurs pays du pourtour méditerranéen, dont Israël, l'Italie, la Grèce et la Turquie. 

Il a également invalidé deux autres élections, pour des "dysfonctionnements" lors du vote électronique   : celle du Nupes Karim Ben Cheïkh dans la 9e circonscription (Maghreb et Afrique de l'Ouest) et celle de la députée Renaissance Eléonore Caroit dans la 2e (Amérique latine et Caraïbes).

Les résultats du premier tour seront connus ce week-end, et du second le 16 avril.

Crise politique israélienne

Dans la 8e circonscription, l'homme d'affaires franco-israélien Meyer Habib, 61 ans, proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, retourne devant les électeurs en pleine crise politique en Israël, après près de trois mois de mobilisation massive contre le projet de réforme du système judiciaire.

Ces soubresauts locaux peuvent-ils influencer les électeurs français ? L'ancien secrétaire d'État à l'Intérieur Alain Marleix assure à l'AFP que le redécoupage électoral mené sous la présidence de Nicolas Sarkozy (2007-2012) débouchant sur la création de 9 sièges de députés pour les Français de l'étranger depuis les législatives de 2012, "le contexte politique ne joue pas de rôle" sur le scrutin.

Il reconnaît toutefois avoir pris en compte "beaucoup de considérants" afin d'éviter qu'Israël se retrouve dans la même circonscription que des pays voisins.

"Le député ne peut aller faire campagne en Jordanie. Cela aurait posé d'énormes problèmes de sécurité pour lui", assure-t-il.

Meyer Habib affronte notamment la macroniste Deborah Abisror-de Lieme, qu'il n'avait devancée que de 193 voix l'année dernière lors d'une élection qui, selon le Conseil constitutionnel, a connu des irrégularités comme "des messages appelant à voter" pour le candidat envoyés par ses sympathisants le jour du scrutin ou proposant aux électeurs de voter "par Internet à leur place".

Sur Twitter, sa rivale a exprimé son "respect infini au peuple israélien qui se bat pour sa démocratie", après les récentes manifestations contre la réforme de la justice de Benjamin Netanyahu.

Comme tous les amis d'🇮🇱 je n'ai pas dormi cette nuit.
Respect infini pour le peuple 🇮🇱 qui se bat pour sa démocratie.
Espérons vite une issue qui permettra de retrouver l'unité de ce pays que nous aimons.

— Deborah Abisror - de Lieme (@DeborahLieme) March 27, 2023

"Centres d'appels"

Mais ses attaques portent surtout sur les ennuis judiciaires de Meyer Habib, visé par une enquête pour "détournement de fonds publics", concernant la rémunération de ses collaborateurs parlementaires.

Dans un climat électrique, Deborah Abisror-de Lieme a, la semaine dernière, mis en demeure, par le biais de son avocat, Meyer Habib, l'accusant de nouveau d'avoir mis en place des "centres d'appels".

Dans la 9e circonscription, qui regroupe Maghreb et Afrique de l'Ouest, les enjeux sont aiguisés par les relations diplomatiques dégradées entre Paris et Rabat, alors que le Maroc compte la plus grosse communauté française de la zone avec quelque 52   000 ressortissants. 

En plein réchauffement entre la France et l'Algérie, la presse marocaine passe au crible les positions des candidats concernant le Sahara occidental, objet d'un conflit avec Alger.

La question est de savoir si le Nupes Karim Ben Cheikh, né à Tunis, retrouvera son siège au Palais Bourbon, après avoir battu en juin l'ancienne ministre macroniste Elisabeth Moreno.

Il est favorable à la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, tout comme son adversaire, M’jid el Guerrab, ex-député LREM qui se présente comme indépendant.

Il avait été condamné en mai 2022 à un an de prison ferme et deux ans d'inéligibilité (pour "violences volontaires" sur l’ex-responsable socialiste Boris Faure), peine contre laquelle il a fait appel.

Tous deux se présentent face à Caroline Traverse, une avocate de Casablanca, investie par Renaissance. Parmi les 15 candidats, à signaler l’ex-détenu Grégory Zaoui, présenté comme le "cerveau" de l’escroquerie à la taxe carbone.

Dans la 2e circonscription, Eléonore Caroit (Renaissance), qui s'était largement imposée avec 57,42   % des voix, remet son siège en jeu face au Nupes le franco-chilien Christian Rodriguez (42,58   %).

Avec AFP