
Selon les États-Unis, l'armée iranienne a pris possession "sans violence" d'un puits pétrolier irakien dans une zone disputée de la frontière entre les deux pays. Téhéran nie toute intrusion sur le territoire irakien, l'Irak proteste vivement.
AFP - L'Irak a vivement protesté contre l'occupation vendredi par onze soldats iraniens d'un puits pétrolier dans le sud du pays, dans un secteur disputé de la frontière irako-iranienne, a indiqué à l'AFP le porte-parole du gouvernement.
"L'Irak demande à Téhéran de retirer le groupe armé qui a occupé le puits numéro 4, qui a été foré en 1979, et d'ôter immédiatement le drapeau que ces hommes ont hissé car ce qui s'est produit aujourd'hui est une violation de sa souveraineté", a affirmé Ali al-Dabbagh.
Un responsable de la Compagnie du pétrole du sud (SOC) à Amara (305 km au sud-est de Bagdad) avait confirmé auparavant que des forces iraniennes étaient arrivées tôt vendredi matin sur le champ.
"Le gouvernement irakien, qui refuse tout usage de la force, a entamé des démarches auprès de l'Iran pour résoudre le problème de manière diplomatique et attend maintenant la réponse de Téhéran", a ajouté M. Dabbagh.
Il a fait cette déclaration à l'issue d'une réunion extraordinaire du Comité ministériel de la Sécurité nationale, présidée par le Premier ministre Nouri al-Maliki et regroupant les ministres de la Défense, de l'Intérieur, des Affaires étrangères, de la Justice et des Finances.
Le porte-parole a reconnu qu'il y avait un problème de délimitation des frontières car les bornes qui existaient ont disparu lors de la guerre Iran-Irak (1980-1988).
"L'Iran refuse tout activité pétrolière dans ce secteur car la frontière n'est plus vraiment délimitée. C'est pourquoi, nous appelons les autorités iraniennes à résoudre les disputes frontalières et à remettre ces bornes" a-t-il ajouté.
Aucune réaction officielle iranienne n'a été obtenue dans l'immédiat, mais l'agence semi-officielle Mehr a relayé un démenti du secteur pétrolier.
"La Compagnie nationale iranienne du pétrole a démenti la prise de contrôle d'un puits de pétrole du champs irakien" de Fauqa, rapporte l'agence.
Un officier américain a indiqué à l'AFP que l'incident s'était déroulé "sans violence" et a dit espérer qu'il soit résolu "de manière pacifique".
"Tous les trois ou quatre mois, des employés du ministère irakien du Pétrole se rendent sur ce puits pour réparer une pompe ou s'occuper de la maintenance. Ils le peignent aux couleurs irakiennes et déploient un drapeau. Ils y passent quelques temps et (...) ils s'en vont", a expliqué le colonel Peter Newell, commandant de la 4ème brigade, de la 1ère division blindée, basée à Camp Adder (300 km au sud de Bagdad).
"Dès qu'ils s'en vont, les Iraniens descendent de la colline et repeignent aux couleurs iraniennes et lèvent le drapeau de leur pays. Cela s'est passé il y a trois mois et cela recommencera", a-t-il dit.
Selon lui, ce champ se trouve à 500 mètres de la frontière et à un kilomètre d'un fort irakien.
Ce territoire s'est retrouvé du côté irakien lors de l'accord d'armistice entre les deux pays après la guerre, mais faisait partie du territoire iranien auparavant. Il a indiqué que cinq autres champs se situaient dans des territoires disputés entre les deux pays.
Le puits numéro 4 se trouve sur le champ pétrolier de Fauqa, un des trois mis aux enchères en juin qui n'avaient pas trouvé preneur. Les réserves de Fauqa sont estimées à 1,55 million de barils.