Jusqu’où ira la "Wembamania" ? La pépite du basket français, Victor Wembanyama, n’en finit plus de susciter l’engouement. Alors que l’équipe de France de basket doit disputer face à la Lituanie, dimanche 26 février, son dernier match de qualification pour le Mondial-2023 (25 août-10 septembre en Indonésie, au Japon et aux Philippines), l’impact économique et médiatique de ce jeune joueur de 19 ans semble sans limite.

Déjà qualifiés pour la Coupe du monde depuis l’automne, les Bleus joueront malgré tout à guichets fermés dans l’Arena Loire de Trélazé, juste à côté d’Angers. Les 5 000 billets mis en vente le 22 novembre ont ainsi été vendus en à peine une heure. Un "effet Wembanyama" auquel doit s’habituer la Fédération française de basket-ball (FFBB).

"Ce qu’on vit actuellement avec Victor, c’est un engouement similaire à ce qu'on a connu en 2003 après le premier titre NBA de Tony Parker. À l’époque, ça avait été sans précédent et l'EuroBasket-2003 reste encore à ce jour la compétition où nous avons établi notre record de journalistes français accrédités [une cinquantaine, NDLR]. Peut-être que ce record sera battu dans les prochaines années grâce à Victor Wembanyama", explique Fabrice Canet, l’attaché de presse de l’équipe de France.

Car c’est bien tout le paradoxe : la carrière de "Wemby", comme il se surnomme, débute à peine et il doit encore s'imposer au plus haut niveau. Avec 22,2 points, 9,5 rebonds et 3,1 contres en moyenne par match avec le club de Boulogne-Levallois, il affiche certes de très belles statistiques, qui font de lui le meilleur marqueur, le meilleur rebondeur et le meilleur contreur du championnat de France, tout en battant par ailleurs plusieurs records depuis le début de saison, mais il ne s’agit "que" de la Betclic Elite. Victor Wembanyama n’a pas encore fait ses preuves en Euroleague, ne s’est pas encore mesuré face aux stars de la NBA et n’a encore jamais disputé la moindre compétition internationale avec les Bleus. Face à la Lituanie, dimanche soir, il ne s’agira que de sa quatrième sélection en équipe de France.

Lionel Jospin et Michael Douglas en tribune

Peu importe, depuis que Victor Wembanyama s’est imposé comme l’un des plus grands espoirs du basket mondial grâce à une aisance dans le jeu jamais observée dans l’histoire du basket pour un joueur de cette taille (2,19 m), il est régulièrement cité pour devenir le premier choix de la prochaine draft NBA – la bourse annuelle aux jeunes joueurs de la célèbre ligue nord-américaine – et tous ses matches affichent désormais complet.

"Même si nos salles avaient déjà des taux de remplissage de 70  % à 80 %, c’est indéniable qu’il y a un effet Wembanyama", s’enthousiasme le président de la Ligue nationale de basket (LNB), Alain Béral. "Partout où son équipe joue, les places se vendent en un temps record et les salles sont pleines. Tout le monde veut le voir avant qu’il ne s’envole pour les États-Unis."

Au palais des sports Marcel-Cerdan de Levallois, où évoluent les "Metropolitans", c’est un défilé permanent de personnalités : l’ancien Premier ministre Lionel Jospin, fan de basket, est venu observer le phénomène, tout comme l’ancien footballeur Nicolas Anelka, l’acteur Roschdy Zem ou l’artiste Grand Corps Malade. Même la vedette américaine Michael Douglas est déjà venue à deux reprises dans la banlieue parisienne pour voir jouer Victor Wembanyama.

Mais la ferveur autour du jeune prodige a sans doute atteint un sommet le 19 janvier, lors du match NBA organisé à Paris entre les Chicago Bulls et les Detroit Pistons. Présent pour l’occasion dans la capitale française, Magic Johnson, l’ancienne gloire des Los Angeles Lakers époque "showtime" des années 1980, a posté sur Twitter une photo de lui au côté du Français, le qualifiant carrément de "meilleur joueur du monde".

"Cet emballement médiatique autour de Victor est une excellente chose pour le basket français, estime Alain Béral. Cela nous permet de montrer que notre ligue est riche en talents, que nous proposons un beau spectacle et ça nous aide à attirer de nouveaux partenaires économiques."

Les matches de Boulogne-Levallois diffusés par la NBA

La présence de Victor Wembanyama dans le championnat de France est en effet une aubaine pour le patron de la LNB. Non seulement la ligue française fait parler d’elle au-delà du cercle restreint des passionnés de la balle orange, mais elle a même pu revendre les droits de diffusion des matches de Boulogne-Levallois à la NBA. La plus prestigieuse ligue de basket au monde fait ainsi régulièrement la promotion sur ses différentes plateformes, depuis fin octobre, d’un joueur qui ne joue même pas encore dans son propre championnat. Si bien que la plupart des stars de la NBA ont déjà été invitées par les médias à donner leur avis sur leur futur adversaire et que le célèbre magazine américain Sports Illustrated lui consacre sa "une" de son édition du mois de mars – un accomplissement considéré aux États-Unis comme une consécration pour un sportif.

L'an dernier, les matches de qualification pour le mondial, auxquels ne participait pas encore Wembanyama, n'attiraient qu'une quinzaine de journalistes. À Trélazé, pas moins de 48 journalistes seront accrédités dimanche pour un match sans grand enjeu – la France étant déjà qualifiée pour la Coupe du monde. Tous sont venus voir "Wemby", qui a affirmé cette semaine vouloir être présent au mondial dans six mois.

En attendant de savoir si son futur club NBA le laissera rejoindre l’équipe de France l’été prochain, la FFBB s’affaire. Plusieurs matches de préparation dans des grandes salles, au mois d’août, sont prévus devant le public français, avec à la clé d’importantes recettes en billetterie et en produits dérivés.

Le maillot Wembanyama des Bleus floqué du numéro 32 est déjà devenu un incontournable. Mis en vente en début de semaine sur le site de la Fédération, trois tailles sur quatre sont déjà en rupture de stock. Les supporters qui souhaiteront l’acheter dimanche soir, lors du match France-Lituanie, sont prévenus : il faudra arriver tôt à la salle pour espérer repartir avec le précieux sésame.