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Les funérailles de l'Afro-Américain Tyre Nichols, dont la mort sous les coups de policiers a choqué l'Amérique, se sont déroulées mercredi à Memphis en présence de la vice-présidente, Kamala Harris. Un frère de George Floyd, victime emblématique des violences policières, était aussi présent. Al Sharpton, figure de la lutte pour les droits civiques, a prononcé l'oraison funèbre.

"Quelqu'un de bien" à qui "un acte violent" de la police a ôté la vie trop tôt : aux funérailles de Tyre Nichols, jeune Afro-Américain dont le passage à tabac mortel par des policiers noirs a choqué les États-Unis, les intervenants, dont la vice-présidente, Kamala Harris, se sont insurgés contre les violences policières, mercredi 1er février.

Après avoir longuement pris dans ses bras la mère de Tyre Nichols dans l'église de Memphis où était organisé cet hommage, Kamala Harris a eu des mots durs envers les policiers qui l'ont roué de coups, alors qu'il criait n'avoir rien fait et appelait à l'aide. "N'avait-il pas le droit d'être en sécurité ?", a lancé la vice-présidente. "Voici une famille qui a perdu son fils et son frère après un acte de violence" perpétré par des "personnes chargées de les protéger", a-t-elle martelé.

Le révérend Al Sharpton, figure de la lutte pour les droits civiques qui a prononcé l'oraison funèbre à la Mississippi Boulevard Christian Church, s'est dit particulièrement affecté par le fait que les cinq policiers soient eux-mêmes noirs. "Dans la ville où [Martin Luther] King a perdu la vie […], vous avez battu un frère à mort", a-t-il lancé. "Il n'y a rien de plus insultant, pour nous qui avons lutté pour ouvrir les portes, que vous entriez par ces portes et agissiez comme les personnes que nous avons dû combattre afin que vous puissiez passer par ces portes", a-t-il ajouté, tandis que la foule se levait pour l'ovationner. 

"Quelqu'un de bien"

Tyre Nichols, 29 ans, avait été arrêté le 7 janvier par des agents d'une unité spéciale de Memphis, dans le sud des États-Unis, pour une infraction au code de la route selon la police. Mais battu sans relâche, à tel point qu'il était devenu méconnaissable d'après sa famille, il est mort trois jours plus tard à l'hôpital. Les cinq policiers impliqués ont été licenciés et inculpés pour meurtre.  Les images insoutenables de l'interpellation ont été diffusées, sans coupes, par les plus grandes chaînes du pays, faisant craindre un embrasement social aux autorités. 

Pendant l'office mercredi, ont été projetés des clichés pris par Tyre Nichols, qui avait un site dédié à la photographie, et des vidéos de lui faisant du skateboard, une autre de ses passions.  Le jeune homme était "quelqu'un de bien, une belle âme", a dit le révérend J. Lawrence Turner. 

Pendant quelques poignantes minutes, une proche de Tyre Nichols a récité un poème qu'elle a écrit autour des mots adressés par Tyre Nichols aux policiers qui le battaient : "J'essaie juste de rentrer chez moi."

"Prochain enfant qui meurt"

Symbole fort, un frère de George Floyd, quadragénaire noir dont la mort en 2020 sous le genou d'un policier blanc avait déclenché des manifestations antiracistes massives, était présent aux funérailles.

En pleurs, RowVaughn Wells, la mère de Tyre Nichols, a appelé sous les applaudissements le Congrès à adopter un projet de loi sur une réforme de la police portant le nom de George Floyd, bloqué pour l'instant. "Parce que si on ne le fait pas, ce sang, le prochain enfant qui meurt, ils auront ce sang sur les mains", a-t-elle plaidé. "Ce n'est que le début", a promis le beau-père de Tyre Nichols, Rodney Wells. "Nous avons hâte que justice soit rendue pour toutes les familles (...), pas seulement la nôtre."

RowVaughn Wells et Rodney Wells ont par ailleurs été invités par le groupe parlementaire rassemblant des élus afro-américains, à assister au discours de Joe Biden sur l'état de l'Union, le 7 février au Congrès à Washington. Le président Biden prévoit de recevoir jeudi à la Maison Blanche des membres de ce groupe parlementaire pour "discuter de la législation sur une réforme policière et d'autres priorités communes", selon une porte-parole.

Mercredi, la police américaine se retrouvait à nouveau accusée d'usage excessif de la force après la mort en Californie d'un Afro-Américain amputé des deux jambes, tué par des agents lors d'une intervention pour une agression au couteau.

Avec AFP