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Les violences faites aux femmes, ou la reproduction d'un modèle familial et social

Le sexisme se porte bien en France. Un récent sondage Viavoice relate que 37% des femmes ont déjà subi un rapport sexuel non consenti, et que près d'un homme sur quatre estime qu'il faut parfois être violent pour se faire respecter. Pour le journaliste Mathieu Palain et la géographe du genre Édith Maruéjouls, les hommes sont perdus entre les injonctions contradictoires d'une société qui les incite à être "forts" mais attend, en fait, qu'ils n'utilisent pas cette force. Un message confus qui leur est transmis dès la cour de récréation. Pour faire évoluer les hommes d'aujourd'hui, la ville de Barcelone propose aux futurs pères une formation pour les aider à embrasser leur rôle et participer aux tâches du foyer.

Depuis des décennies, Edith Maruéjouls se déplace dans les écoles et les collèges pour interroger les élèves, et leur faire décrire leurs actions et déplacements au sein de cet espace. La conclusion est toujours la même : autour du terrain de foot occupé par quelques garçons, tous les autres enfants naviguent en périphérie. Cette répartition de l'espace fait passer aux filles le message subliminal que les garçons ont davantage de droits qu'elles. Quant aux garçons, cela leur apprend à occuper tout l'espace, à ne pas partager avec les "autres" (les filles ou les enfants handicapés par exemple).

Mathieu Palain, lui, est allé à la rencontre des hommes violents, qui ne sont pas des brutes de l'ombre mais ces hommes qu'on croise au quotidien et qui sont parfois bien sympathiques. Ils sont "Nos pères, nos frères, nos amis" - le titre de son livre. Au cours de son enquête, il a découvert des hommes qui se voient comme des victimes de la justice ou d'une compagne hargneuse, et qui ne comprennent pas pourquoi ils sont punis alors que leurs pères, bien souvent violents eux aussi, n'ont jamais été condamnés.

Ces comportements "machistes", de mec viril, il faut aujourd'hui les déconstruire pour apprendre aux hommes une nouvelle masculinité. C'est ce que fait la municipalité de Barcelone avec des formations à destination des futurs pères. Pour défaire cette idée selon laquelle la mère "sait mieux", ou éviter de se reposer sur une femme qui vient d'accoucher, ces stages leur apprennent à embrasser leur rôle et s'assumer comme père et homme moderne en mettant la main à la pâte.

Références :

"Nos pères, nos frères, nos amis", Mathieu Palain, éditions Les Arènes

"Faire je(u) égal", Édith Maruéjouls, éditions Double Ponctuation