Arrestation d'émeutiers, manifestations nationales et internationales de soutien à Lula, Jair Bolsonaro hospitalisé aux États-Unis mais qui assure vouloir rentrer plus tôt que prévu au Brésil... Voici ce qu'il faut retenir de la situation après l'attaque à Brasilia.
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Vague d'arrestations chez les pro-Bolsonaro
Après l'attaque des pro-Bolsonaro, dimanche 8 janvier, quelque 300 émeutiers ont été arrêtés le soir-même. Et lundi matin, au moins 1 200 bolsonaristes qui occupaient un campement au cœur de Brasilia ont été arrêtés à leur tour, lorsque la police militaire et l'armée ont démantelé leur campement.
Installés depuis plus de deux mois, ils réclamaient une intervention militaire pour empêcher l'accession de Lula au pouvoir. Ce campement a fourni le gros des effectifs des assaillants dimanche.
D'autres campements installés à Rio de Janeiro et Sao Paulo (sud-est) ont été démantelés lundi, ont rapporté des journalistes de l'AFP-TV.
Le gouverneur de Brasilia, Ibaneis Rocha, a été suspendu dimanche soir pour 90 jours de ses fonctions par la Cour suprême pour les manquements sécuritaires dans la capitale brésilienne.
Une enquête a aussi été ouverte pour déterminer notamment qui a financé les cars partis de différentes villes du pays pour transporter des pro-Bolsonaro jusqu'à Brasilia.
Lula a ordonné une intervention des forces de sécurité fédérales – des soldats épaulés par la police anti-émeute – jusqu'au 31 janvier à Brasilia.
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Lula soutenu au Brésil...
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a obtenu un vaste soutien de la part du pouvoir politique et judiciaire de son pays. "Nous ne laisserons pas la démocratie nous échapper", a promis le président de gauche lundi soir à Brasilia.
Lula s'est réuni avec les présidents du Sénat, de la Chambre des députés et de la Cour suprême au palais du Planalto. Ils ont signé une déclaration commune "en défense de la démocratie" publiée sur le compte Twitter du chef d'État de gauche.
Manifestação conjunta dos presidentes dos Poderes da República, assinada na manhã de hoje, em repúdio aos atos golpistas de ontem em Brasília. #EquipeLula pic.twitter.com/p6dOtuh8S6
— Lula (@LulaOficial) January 9, 2023La condamnation a également trouvé un écho dans les rues de Sao Paulo, sur l'emblématique avenue Paulista, où, tard dans la nuit de dimanche à lundi, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour "défendre la démocratie" et demander "l'emprisonnement des putschistes".
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... et par la communauté internationale
Des messages pour condamner les incidents et soutenir le président Lula ont afflué d'Amérique latine et du monde entier.
Joe Biden a invité Lula à venir le voir à Washington début février, selon un communiqué commun faisant suite à un entretien téléphonique lundi, qui précise que l'invitation a été acceptée.
I condemn the assault on democracy and on the peaceful transfer of power in Brazil. Brazil’s democratic institutions have our full support and the will of the Brazilian people must not be undermined. I look forward to continuing to work with @LulaOficial.
— President Biden (@POTUS) January 8, 2023Le président américain a exprimé lors de cet échange avec Luiz Inacio Lula da Silva le "soutien sans faille des États-Unis à la démocratie brésilienne et à l'expression de la libre volonté du peuple brésilien, telle qu'exprimée lors de la récente élection présidentielle que le président Lula a remportée".
"La volonté du peuple brésilien et les institutions démocratiques doivent être respectées ! Le Président Lula peut compter sur le soutien indéfectible de la France", a quant à lui déclaré Emmanuel Macron sur Twitter.
La volonté du peuple brésilien et les institutions démocratiques doivent être respectées ! Le Président @LulaOficial peut compter sur le soutien indéfectible de la France.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 8, 2023Sur le même réseau social, le président du Conseil européen, Charles Michel, a aussi assuré Lula de son "soutien total" après avoir été "démocratiquement élu par des millions de Brésiliens à l'issue d'élections équitables et libres".
Au Mexique, le président Andres Manuel Lopez Obrador a exprimé son plein soutien à l'administration brésilienne. "Le fascisme a décidé d'organiser un coup d'Etat" au Brésil, a écrit pour sa part sur Twitter le président colombien Gustavo Petro, qui a demandé une réunion urgente de l'Organisation des Etats américains (OEA).
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Bolsonaro hospitalisé mais bientôt sur le retour ?
Six heures après les assauts, Jair Bolsonaro avait condamné du bout des lèvres "les déprédations et invasions de bâtiments publics". Parti en Floride deux jours avant la cérémonie d'investiture de Lula, à laquelle il n'a pas assisté, l'ancien président a rejeté les accusations de son successeur de gauche selon lesquelles il a incité à la révolte.
L'épouse de Jair Bolsonaro a annoncé lundi que celui-ci avait été hospitalisé pour un inconfort intestinal dû à l'attaque au couteau dont il a été victime lors de la campagne électorale de 2018. Plusieurs médias brésiliens avaient annoncé auparavant qu'il avait été hospitalisé à Orlando, en Floride.
Jair Bolsonaro, qui est visé par plusieurs enquêtes de la Cour suprême, pourrait devoir quitter les Etats-Unis où il s'est rendu grâce à un visa accordé aux dirigeants en fonction, et où des parlementaires se sont prononcés en faveur de son expulsion.
L'ancien président a déclaré dans une interview à CNN Brasil qu'il pourrait rentrer plus tôt que prévu au Brésil afin de consulter ses médecins. Il a indiqué qu'il avait tout d'abord prévu de rester aux États-Unis jusqu'à la fin du mois de janvier mais qu'il envisageait désormais de rentrer plus tôt que prévu.
Avec AFP et Reuters