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Deux Iraniens reconnus coupables par la justice iranienne d'avoir tué un paramilitaire lors des manifestations des derniers mois ont été exécutés samedi. L'UE et la France ont réagi, dans la foulée, en dénonçant ces exécutions. Depuis le début du mouvement de contestation, la justice iranienne a condamné à mort 14 personnes en lien avec les manifestations.

Deux hommes ont été exécutés, samedi 7 janvier, en Iran après avoir été reconnus coupables d'avoir tué un paramilitaire lors des manifestations déclenchées par le décès en détention d'une jeune Kurde, a annoncé l'agence du pouvoir judiciaire.

Un mouvement de contestation a débuté en Iran après la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans décédée à la suite de son arrestation par la police pour infraction au code vestimentaire de la République islamique imposant notamment le port du voile en public pour les femmes.

"Mohammad Mahdi Karami et Seyed Mohammad Hosseini, les principaux auteurs du crime qui a conduit au martyre de Rouhollah Ajamian, ont été pendus ce matin" samedi, a indiqué Mizan Online, en référence à un membre de la milice des Bassidji, liée aux Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique d'Iran.

Quatorze personnes condamnées à mort

Le tribunal de la première instance avait condamné à mort les deux hommes le 4 décembre, a précisé l'agence. Le 3 janvier, la Cour suprême d'Iran avait confirmé les condamnations à mort des deux hommes, les accusant d'avoir tué Ajamian le 3 novembre à Karaj, à l'ouest de Téhéran.

Trois autres hommes ont été condamnés à mort dans la même affaire, et 11 ont été condamnés à des peines de prison. 

Iran : deux hommes exécutés en lien avec les manifestations, l'UE et la France protestent

L'Union européenne s'est dite samedi dans un communiqué, "consternée" par l'exécution de Mohammad Mehdi Karami et de Seyyed Mohammad Hosseini. 

L'UE, qui dénonce un "nouveau signe de la répression violente des manifestations", "appelle une nouvelle fois les autorités iraniennes à mettre immédiatement un terme à la pratique hautement condamnable de prononcer et d'exécuter des condamnations à mort contre des manifestants" et à "annuler sans délai les récentes condamnations à mort déjà prononcées dans le contexte des manifestations", a ajouté Nabila Massrali, une porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE. 

Des exécutions "révoltantes", dénonce Paris

La France, par la voix du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, a condamné elle aussi "avec la plus grande fermeté" les deux exécutions.

"Ces exécutions, révoltantes, s'ajoutent aux nombreuses autres violations graves et inacceptables des droits et libertés fondamentales commises par les autorités iraniennes (...)

L'exécution de manifestants ne peut tenir lieu de réponse aux aspirations légitimes de liberté du peuple iranien", a dit le ministère dans un communiqué.

Le gouvernement néerlandais a annoncé de son côté qu'il allait convoquer l'ambassadeur d'Iran aux Pays-Bas pour lui faire part de sa préoccupation, et appelé les autres pays de l'Union européenne à faire de même.

Depuis le début du mouvement de contestation, la justice a condamné à mort 14 personnes en lien avec les manifestations, selon un décompte de l'AFP basé sur des informations officielles. Parmi elles, quatre ont été exécutées, deux ont vu leur peine confirmée par la Cour suprême, six attendent de nouveaux procès et deux autres peuvent faire appel.

Accusations d'aveux sous la torture

Des militants assurent qu'une dizaine d'autres personnes font face à des accusations passibles de la peine de mort.

L'ONG Amnesty International a déclaré que le tribunal qui a condamné Karami, un champion de karaté de 22 ans, s'est appuyé sur des aveux forcés.

L'avocat de Hosseini, Ali Sharifzadeh Ardakani, a écrit un tweet le 18 décembre que son client avait été torturé et que les aveux obtenus sous la torture n'avaient aucune base légale. L'Iran nie que des aveux aient été obtenus sous la torture.

Avec AFP et Reuters