Adaptation au dérèglement climatique, développement d’un tourisme durable ou protection des sites du patrimoine mondial en danger dans les zones de conflit : quels sont les priorités pour préserver les trésors de l’humanité dans les 50 prochaines années ? La directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, répond aux questions de Valériane Gauthier à l’occasion du 50e anniversaire de la Convention du patrimoine mondial, dont les célébrations se déroulent à Delphes, en Grèce.
Parmi les risques majeurs pour les sites du patrimoine mondial, Audrey Azoulay identifie en premier lieu le surtourisme. "Nous aidons les États à avoir des stratégies de diversification de leur tourisme, mais aussi de gestion plus durable – par exemple avec des tickets horodatés ou un nombre limité de visiteurs sur un site", explique la directrice générale de l'Unesco.
L'organisation onusienne alerte aussi sur la menace que constitue le changement climatique. Pour y faire face, "la première chose à faire, c'est de respecter les accords de Paris et de s'engager dans une réduction des émissions de CO2 pour maintenir le réchauffement climatique dans des limites qui permettent la préservation", souligne Audrey Azoulay, qui rappelle par ailleurs que "quand on détruit la planète, quand le climat se dérègle, des cultures sont aussi menacées très directement dans leur existence – des sites, mais aussi le patrimoine immatériel, des pratiques culturelles ou la vie de populations locales".
Le patrimoine mondial doit aussi être plus représentatif. "Ce n'est pas normal qu'au bout de 50 ans, on ait 27 pays, dont 12 en Afrique, qui n'aient aucun site inscrit, remarque Audrey Azoulay. Par ailleurs, sur le continent africain, beaucoup de sites qui sont déjà inscrits sont passés sur la liste du patrimoine en danger. Il faut qu'on ait une attention particulière et des actions volontaristes." La directrice générale souhaite notamment, pour les pays non présents au patrimoine, un meilleur accompagnement dans la préparation de leur dossier de candidature, mais aussi ensuite dans la gestion et la préservation des sites.