
Le ministre de l'Intérieur turc a désigné lundi le Parti des travailleurs du Kurdistan comme responsable de l'attentat qui fait au moins six morts la veille à Istanbul. Une vingtaine de suspects, dont un qui aurait placé la bombe, ont été arrêtés.
Le ministre de l'Intérieur de Turquie Suleyman Soylu a accusé lundi 14 novembre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour l'attentat qui a fait au moins six morts dimanche dans l'artère commerçante d'Istiklal, à Istanbul, et a annoncé l'arrestation d'une vingtaine de suspects, dont un qui aurait placé la bombe.
"La personne qui a déposé la bombe a été arrêtée. (...) D'après nos conclusions, l'organisation terroriste PKK est responsable" de l'attentat, a affirmé Suleyman Soylu dans une déclaration nocturne, relayée par l'agence officielle Anadolu et les télévisions locales. Vingt-et-un autres suspects ont aussi été arrêtés, a-t-il ajouté.
Le ministre a aussi accusé les forces kurdes qui contrôlent la majeure partie du nord-est de la Syrie, qu'Ankara considère comme terroristes, d'être derrière l'attentat. "Nous estimons que l'ordre de l'attentat a été donné de Kobané", a-t-il ajouté.
Ville restée célèbre pour la bataille qui, en 2015, a permis aux forces kurdes de repousser le groupe État islamique, Kobané est contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS) dont les Unités de protection du peuple (YPG), alliées au PKK, sont une composante majeure.
Une femme suspecte ?
L'attentat, qui n'a pas été revendiqué, a fait six morts et 81 blessés dont la moitié ont dû être hospitalisés. Parmi les victimes, toutes des citoyens turcs, figurent une fille de 9 ans et une autre de 15 ans.
L'attentat est survenu en plein après-midi dans la rue piétonne ultra populaire d'Istiklal le dimanche, qu'arpentent les Stambouliotes et les touristes. Fermé immédiatement après l'attentat, l'accès à la rue est de nouveau autorisé lundi matin, ont rapporté les médias turcs.
Suleyman Soylu n'a pas précisé les conditions dans lesquelles la "personne" suspectée a été arrêtée, ni s'il s'agit d'une "femme" comme l'avaient affirmé dimanche soir le président Recep Tayyip Erdogan puis son vice-président Fuat Oktay.

Le ministre de la Justice, Bekir Bozdag, avait plus tôt évoqué un "sac" déposé sur un banc : "Une femme s'est assise sur un banc pendant 40 à 45 minutes et, une ou deux minutes après, il y a eu une explosion. Toutes les données sur cette femme sont actuellement en cours d'examen", a-t-il poursuivi. "Soit ce sac contenait un minuteur, soit quelqu'un l'a activé à distance", a-t-il ajouté.
Le président Erdogan avait le premier dénoncé un "vil attentat", juste avant de s'envoler pour l'Indonésie et le sommet du G20 à Bali.
PKK et Otan
Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara mais aussi par ses alliés occidentaux dont les États-Unis et l'Union européenne, est en lutte armée contre le gouvernement turc depuis le milieu des années 80. Il a été souvent été rendu responsable par le passé d'attentats sanglants sur le sol turc.
Le PKK est par ailleurs au cœur d'un bras de fer entre la Suède et la Turquie, qui bloque depuis mai l'entrée de Stockholm dans l'Otan en l'accusant de mansuétude envers le PKK. Ankara a réclamé l'extradition de plusieurs de ses membres dans un mémorandum d'accord signé en juin avec la Suède et la Finlande, autre pays nordique désireux de rejoindre l'Alliance atlantique.
Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson s'est rendu la semaine dernière à Ankara et a promis à Recep Tayyip Erdogan de répondre aux "inquiétudes" de la Turquie. Le Parlement suédois s'apprête d'ailleurs à voter pour changer la constitution afin de durcir sa législation anti-terroriste.
Le PKK est également régulièrement visé par des opérations militaires turques contre ses bases dans le nord de l'Irak et de la Syrie. Le mois dernier, de nombreuses accusations relayées par l'opposition et des observateurs turcs, mais démenties par les autorités, ont évoqué l'emploi d'armes chimiques par l'armée turque contre des combattants du PKK qui ont publié une liste de 17 noms, accompagnés de photos de personnes présentées comme des "martyrs" tués par des gaz toxiques.
Avec AFP