Le président libanais Michel Aoun a quitté le palais présidentiel dimanche, avant l'expiration lundi de son mandat de six ans, dans un contexte de crise politique. Malgré quatre tentatives, le Parlement n'a pas été capable d'élire son successeur.
Le président Michel Aoun a quitté, dimanche 30 octobre, ses fonctions à la tête d'un Etat libanais en pleine crise, laissant vacant le poste présidentiel à la veille de l'expiration officielle de son mandat de six ans.
Le dirigeant chrétien, âgé de 89 ans, n'a pas de successeur désigné, le Parlement n'ayant pas été capable de former une majorité pour élire un nouveau chef de l'État.
Michel Aoun a également approuvé la démission du gouvernement par intérim de Najib Mikati, qui continuera cependant d'expédier les affaires courantes comme il le fait depuis six mois, faute d'accord entre les partis sur la composition d'un nouvel exécutif.
Michel Aoun a quitté à pied le palais présidentiel de Baabda, au sud de Beyrouth, au son de l'hymne national.
Il s'est porté à la rencontre de centaines de partisans réunis pour le saluer, vêtus d'orange, la couleur associée à son parti, le Courant patriotique libre (CPL), et brandissant son portrait de président ou de chef de l'armée, poste qu'il a occupé entre 1984 et 1990, pendant la guerre civile.
Revenu de quinze années d'exil en France après le départ de l'armée syrienne en 2005, Michel Aoun est une figure clivante au Liban, adulé par de nombreux chrétiens qui le considèrent comme le défenseur du système de partage confessionnel du pouvoir mais accusé par ses détracteurs d'avoir fermé les yeux sur la corruption et contribué à asseoir l'influence du Hezbollah sur la scène politique.
Une présidence marquée par l'effondrement économique du pays
L'ancien commandant des forces armées et Premier ministre a été élu à la présidence en 2016 avec l'appui du parti et groupe armée chiite, avec qui le CPL avait fait alliance dix ans plus tôt, et l'aval de son rival chrétien maronite Samir Geagea aux termes d'un accord qui a permis le retour à la tête du gouvernement du sunnite Saad Hariri.
Au Liban, le poste de président est occupé par un chrétien, celui de Premier ministre par un musulman sunnite et celui de président du Parlement par un musulman chiite.
Le mandat de Michel Aoun a été marqué par une opération de l'armée en 2017 pour chasser du territoire libanais, avec l'aide du Hezbollah, des jihadistes présents près de la frontière syrienne, le vote d'une nouvelle loi électorale en 2018 et au cours de sa dernière semaine, la signature d'un accord sur la délimitation de la frontière maritime entre le Liban et Israël.
Ces réalisations sont applaudies par ses partisans mais jugées bien modestes par ses détracteurs face à la grave crise financière que connaît le Liban depuis 2019, qui a fait basculer 80% de sa population dans la pauvreté et déclenché de vastes manifestations anti-gouvernementales.
Le mandat de Michel Aoun a été également marqué par l'explosion du port de Beyrouth en août 2020 qui a fait plus de 220 morts et détruit des pans entiers de la capitale libanaise.
Dans une interview accordée samedi à Reuters, le dirigeant chrétien a estimé que ses pouvoirs présidentiels étaient trop limités pour faire face à la crise économique.
Il a également indiqué que son départ de la présidence ne signifiait pas la fin de sa carrière politique.
Avec Reuters