Des délégations du gouvernement éthiopien et des rebelles tigréens doivent participer lundi à des négociations de paix en Afrique du Sud pour mettre fin à la guerre qui ravage depuis deux ans le nord de l'Éthiopie.
Des pourparlers incluant les délégations du gouvernement éthiopien et des rebelles tigréens doivent débuter en Afrique du Sud, lundi 24 octobre, pour mettre fin au conflit sanglant qui perdure depuis maintenant deux ans dans le nord du pays.
L'équipe de négociateurs tigréens est arrivée sur place dimanche soir, a annoncé sur Twitter un porte-parole des autorités de cette région dissidente, Kindeya Gebrehiwot, rappelant les demandes rebelles de "cessation immédiate des hostilités, accès humanitaire sans entraves et retrait des forces érythréennes".
La délégation du gouvernement fédéral a pour sa part quitté Addis Abeba dans la matinée, a annoncé le service de communication gouvernemental sur Twitter.
Ces discussions sous l'égide de l'Union africaine (UA) sont une "opportunité de résoudre pacifiquement le conflit et de consolider l'amélioration de la situation sur le terrain", a ajouté le gouvernement, qui affirme avoir "continué de reprendre le contrôle de centres urbains majeurs (au Tigré) ces derniers jours", sans plus de détails.
Ces pourparlers sont très attendus par la communauté internationale, qui ne cesse d'appeler à la fin des violences.
Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a exhorté dans un tweet les deux parties à "travailler ensemble pour transformer les engagements en actions – pour mettre fin à la souffrance humaine et mettre l'Éthiopie sur la voie de la réconciliation et de la reconstruction".
De précédentes discussions, convoquées début octobre en Afrique du Sud, avaient fait long feu avant même de commencer, sur fond de problèmes d'organisation.
"Des obstacles majeurs demeurent"
Rebelles tigréens et armée fédérale – appuyée par les forces de régions éthiopiennes voisines et de l'armée de l'Érythrée, pays frontalier du Tigré – s'affrontent depuis novembre 2020 dans un conflit meurtrier qui a plongé le nord de l'Éthiopie dans une profonde crise humanitaire.
Après cinq mois de trêve, les combats ont repris le 24 août. Les forces éthiopiennes et érythréennes se sont notamment emparées la semaine dernière de Shire, une des principales villes du Tigré.
La communauté internationale s'est alarmée de la récente intensification des combats. Le Conseil de sécurité de l'ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l'UA ont tous deux tenu des réunions vendredi sur le sujet.
Jeudi, le Premier ministre Abiy Ahmed a assuré que la guerre allait "se terminer et la paix l'emporter".
"Nous n'allons pas continuer à nous battre indéfiniment", a-t-il affirmé, sans toutefois évoquer les pourparlers prévus et alors que les forces progouvernementales ont récemment accentué leur offensive au Tigré.
Si cette rencontre est un "développement positif", "des obstacles majeurs à la paix demeurent", souligne toutefois William Davison, analyste à l'International Crisis Group (ICG), en évoquant notamment la détermination du gouvernement à reprendre le contrôle des installations fédérales, comme les aéroports, au Tigré.
"Le premier objectif des médiateurs sera donc d'essayer d'amener les délégations fédérale et tigréenne à s'accorder sur une trêve malgré la dynamique de poursuite de l'affrontement militaire", estime-t-il.
"Potentiel de nouvelles atrocités de masse"
La guerre a commencé en novembre 2020 quand Abiy Ahmed a envoyé l'armée au Tigré pour déloger les autorités régionales qui contestaient son autorité et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.
Le bilan exact de ce conflit, qui se déroule largement à huis clos – les journalistes n'ayant pas accès à la région –, est inconnu.
L'ambassadrice américaine auprès de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a affirmé vendredi que "l'ampleur des combats et des morts rivalise avec ce que nous voyons en Ukraine".
Selon elle, "en deux ans de conflit, jusqu'à un demi-million de personnes sont mortes et les États-Unis sont profondément préoccupés par le potentiel de nouvelles atrocités de masse".
Le 17 octobre, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait affirmé que "la situation en Éthiopie devient incontrôlable".
Le conflit a été jalonné d'accusations d'exactions et de massacres de civils commis par les deux camps. Il a également déplacé plus de deux millions de personnes et plongé des centaines de milliers d'Éthiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.
La reprise des combats ces derniers mois a interrompu l'acheminement de nourriture et de médicaments dans cette région de six millions d'habitants, également privée de services essentiels comme l'électricité, le carburant et les télécommunications.
Avec AFP