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Les candidats se tournent vers la communauté homosexuelle

Les deux candidats à la présidentielle chilienne en tête des sondages, Sebastian Pinera (photo) et Eduardo Frei Ruiz, abattent leur dernière carte avant le scrutin de dimanche : rassembler l'électorat homosexuel.

Depuis plusieurs semaines au Chili, des spots des candidats à la présidentielle du 13 décembre mettant en scène des couples homosexuels viennent pimenter la campagne, un brin monotone jusqu'à présent. Favoris dans les sondages, Sebastian Pinera et Eduardo Frei Ruiz ont récemment brandi la carte de l'ouverture en courtisant l'électorat gay. Une stratégie qui ne cesse d'étonner dans l'un des pays les plus catholiques d'Amérique latine. 

Issus de mouvances politiques très différentes, l'un et l'autre n'hésitent pourtant pas à faire des promesses très similaires aux couples de même sexe. Dans un spot intitulé "La parole aux sans voix", le milliardaire conservateur Sebastian Piñera - candidat malheureux face à Michelle Bachelet, en 2005 - s'affiche aux côtés d'un couple homosexuel. En novembre, il est allé encore plus loin en se prononçant, lors d'un débat télévisé, en faveur d'une forme d'union civile pour les gays et pour leur présence au gouvernement et dans les forces armées.

"Je pense que le mariage doit être entre un homme et une femme qui se complètent pour former une famille. Mais j'ai conscience que deux millions de Chiliens et de Chiliennes vivent en couple sans être mariés et méritent le respect et la protection de leurs droits", avait-il déclaré.

Le Chili est un pays catholique où l'homosexualité est encore un sujet largement tabou et où les gays subissent une forte discrimination dans des institutions telles que la police et l'armée.

Le démocrate-chrétien Eduardo Frei Ruiz, qui présida le Chili de 1994 à 2000, défend les mêmes positions, mais dans un style différent. S'il n'apparaît pas dans son spot de campagne, son message est sans ambiguité. En vingt secondes, deux femmes s'embrassent avant que l'une d'elle n'affirme : "Nous méritons les mêmes droits que tout le monde."

Pinera, 60 ans, et Frei, 67 ans, cherchent à ratisser large pour contrer la menace du jeune Marco Enriquez-Ominami, dit MEO, le très médiatique trentenaire qui pointe en troisième position dans les sondages. celui-ci a, en effet, déjà présenté une loi au Parlement pour étendre les droits des couples hétérosexuels aux homosexuels.