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Croissance verte : le défi chinois

Alors que s'ouvre le sommet de Copenhague consacré au changement climatique, un pays attire particulièrement l'attention parmi les 192 participants : la Chine. Puissance économique montante, elle est considérée comme le plus grand pollueur de la planète.

Laurent Li, spécialiste de météorologie dynamique au CNRS, et Joris Zylberman, correspondant de FRANCE 24 à Pékin, sont les invités de ce Focus. 

Pour celui qui n’est jamais venu à Linfen, une ville de la province du Shanxi, dans le nord de la Chine, il est difficile de croire que l’air est moins pollué qu’avant… Pourtant, dans cette cité de quatre millions d’habitants considérée comme la ville la plus polluée du monde il y a trois ans, les résultats sont là.

À l’époque, Linfen, perpétuellement plongée dans un brouillard de poussière, enregistrait une qualité de l’air alarmante 350 jours par an. Aujourd’hui, la tendance s’est inversée : l’air est devenu respirable la plupart des jours de l’année. "Maintenant, on peut sortir avec un manteau blanc et le remettre deux ou trois jours de suite sans qu’il soit tout poussiéreux, c’est quand même pas mal !", confie une jeune commerçante du centre-ville. "On voit bien que l’air s’est amélioré, déclare une vieille dame. Maintenant, il y a de la pelouse et des arbres ! Regardez, sur la place, tout est vert !"

Si le gouvernement chinois peut se vanter d’une légère amélioration de la situation à Linfen, c’est parce qu'il a forcé la mairie à agir sur les principales causes du problème depuis les Jeux olympiques de Pékin, en 2008 : le charbon, dont Linfen est l’un des grands producteurs du pays. La majorité des fonderies a été fermée, ainsi que le tiers des mines, en particulier les petites. Les usines de transformation du charbon sont aujourd’hui à l’arrêt ou marchent au ralenti. "Avant, on travaillait 24 heures sur 24 sans pouvoir faire de pause, explique Ma Shuguo, gérant de l’usine Ximei. Aujourd’hui, on travaille à peine 5 à 6 heures par jour…"

Mais la partie n’est pas encore gagnée. Linfen est toujours loin d'être un paradis pour la santé. Les pires taux de cancer du poumon du pays y sont enregistrés. En cause : les centrales électriques au charbon, dont la grande majorité n’est pas équipée de technologies propres. La fermeture des petites mines est donc loin de suffire, selon Yang Ailun, spécialiste du charbon et du changement climatique à Greenpeace China. Pour elle, "la Chine doit sortir du charbon. C’est la seule manière d’en finir avec le chaos environnemental sur le plan local et avec le chaos climatique mondial".

Sortir définitivement du cauchemar du charbon… La question n’est pourtant pas à l’ordre du jour, dans une Chine qui compte encore largement sur cet autre or noir pour alimenter son développement économique.