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Au Haut-Karabakh, une nouvelle flambée de violence meurtrière

L'Azerbaïdjan a affirmé, mercredi, avoir pris le contrôle de plusieurs positions et détruit des cibles arméniennes au Haut-Karabakh, lors d'une escalade qui a fait trois morts et ravivé le risque de guerre dans cette enclave montagneuse disputée par les deux ex-républiques soviétiques.

Regain de tension au Haut-Karabakh. L'Azerbaïdjan a affirmé, mercredi 3 août, avoir pris le contrôle de plusieurs positions et détruit des cibles arméniennes, faisant trois morts. "Le contrôle a été établi sur plusieurs hauteurs importantes", dont des collines, a déclaré le ministère azerbaïdjanais de la Défense dans un communiqué, ajoutant que ses forces étaient en train de fortifier ces positions.

Plus tôt mercredi, les deux camps avaient rapporté la mort d'au moins deux séparatistes arméniens et un soldat azerbaïdjanais dans des violences autour du Haut-Karabakh qui ravivent le spectre d'une nouvelle guerre – après celle de 2020.

Ces incidents risquent aussi de peser sur les pourparlers de paix qui ont lieu depuis plusieurs mois entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, deux ex-républiques soviétiques rivales du Caucase, avec la médiation de l'Union européenne.

La Russie, qui a parrainé le cessez-le-feu ayant mis fin à la guerre de 2020 et a déployé une force de maintien de la paix au Haut-Karabakh, a accusé les forces azerbaïdjanaises d'avoir violé la trêve dans la zone de Saribaba. Moscou, qui considère la région du Caucase comme son pré carré, prend des "mesures pour stabiliser la situation", a ajouté le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Opération "Vengeance"

L'Union européenne a, pour sa part, appelé à la "cessation immédiate des hostilités". "Il est essentiel de désamorcer, de respecter pleinement le cessez-le-feu et de revenir à la table des négociations pour rechercher des solutions négociées", a déclaré Peter Stano, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, dans un communiqué.

Mercredi, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé la mort d'un conscrit après que des "tirs nourris" ont visé une position de l'armée azerbaïdjanaise dans le district de Latchin, une zone tampon entre la frontière arménienne et le Haut-Karabakh.

L'Azerbaïdjan a affirmé avoir mené en représailles une opération baptisée "Vengeance", lors de laquelle "plusieurs positions de combat d'éléments armés arméniens illégaux ont été détruites".

Le ministère de la Défense a publié une vidéo dans laquelle on voit plusieurs explosions présentées comme étant le résultat de frappes sur les positions arméniennes. Deux membres des forces séparatistes arméniennes ont été tués et 14 blessés, ont déclaré les autorités de l'enclave, dénonçant une "violation flagrante du cessez-le-feu".

Tensions et négociations pour parvenir à un traité de paix

Face à cette situation, le ministère arménien des Affaires étrangères a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures pour stopper "l'attitude et les actions agressives de l'Azerbaïdjan". Signe de l'escalade des tensions, le dirigeant des séparatistes du Haut-Karabakh, Arayik Haroutiounian, a signé, mercredi, un décret proclamant une mobilisation militaire partielle dans ce territoire, selon le site de la présidence.

Après une première guerre qui a fait plus de 30 000 morts au début des années 1990, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont affrontés à nouveau à l'automne 2020 pour le contrôle du Haut-Karabakh, une région montagneuse qui, soutenue par Erevan, avait fait sécession de l'Azerbaïdjan. Plus de 6 500 personnes ont été tuées dans cette nouvelle guerre perdue par l'Arménie. 

Dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu négocié par Moscou, qui a déployé des soldats de maintien de la paix au Haut-Karabakh, Erevan a cédé d'importants territoires à l'Azerbaïdjan. Cet accord a été vécu comme une humiliation en Arménie, où plusieurs partis d'opposition réclament, depuis, la démission du Premier ministre, Nikol Pachinian – qu'ils accusent d'avoir fait trop de concessions à Bakou.

Malgré une timide détente diplomatique entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, les tensions restent fortes entre les deux ex-républiques soviétiques. Les deux pays font régulièrement état de flambées de violences et de victimes parmi les soldats.

Sous médiation de l'UE, les deux pays mènent des négociations pour parvenir à un traité de paix. 

Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, s'est entretenu à Bruxelles en avril et en mai avec Nikol Pachinian. Selon le président du Conseil européen, Charles Michel, les deux dirigeants pourraient se retrouver à nouveau cet été. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays se sont, en outre, réunis le mois dernier en Géorgie pour leurs premiers pourparlers directs depuis la fin de la guerre de 2020.

Avec AFP