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La capitale haïtienne, frappée par une pénurie de carburant, s'enfonce dans la violence. Au moins 89 personnes ont été tuées en une semaine dans des heurts entre gangs rivaux, selon le bilan d'une ONG communiqué mercredi.

Au moins 89 personnes ont été tuées en une semaine dans des affrontements entre gangs à Port-au-Prince, capitale d'Haïti où les prix s'envolent et les carences de carburant s'aggravent toujours davantage.

"Au moins 89 personnes ont été assassinées et 16 autres sont portées disparues", a indiqué, mercredi 13 juillet, le Réseau national de défense des droits humains dans un communiqué, précisant que le bilan partiel de ces violences fait également état de "74 blessés par balle ou à l'arme blanche".

Depuis une semaine, les rafales d'armes automatiques crépitent à longueur de journée à Cité Soleil, commune la plus défavorisée et la plus densément peuplée de l'aire métropolitaine : deux factions de gangs s'y affrontent sans que la police, en manque d'hommes et d'équipements, n'intervienne.

#Haïti compterait plus de 160 groupes armés comprenant près de 3000 personnes.
D’où viennent réellement les gangs qui terrorisent Haïti ?un article intéressant de @jamy_ht via @Ayibopost - https://t.co/vpkmIGtPY4

— Observatoire des Criminalités internationales (@ObsCIcrim) July 14, 2022

Familles terrées chez elles

Le long des corridors des bidonvilles qui s'y sont formés au fil des quatre dernières décennies, des milliers de familles n'ont d'autre choix que de se terrer chez elles, sans pouvoir se ravitailler en eau et nourriture.

Certains habitants sont victimes de balles perdues à l'intérieur même de leurs modestes logements, faits de simples tôles, mais les ambulances ne sont pas autorisées à circuler librement dans la zone pour venir en aide aux blessés.

"Nous appelons tous les belligérants à permettre le passage des secours vers Brooklyn (nom du quartier de Cité Soleil où se concentrent les violences, NDLR) et à épargner les civils", a exhorté, mercredi, Mumuza Muhindo, chef de mission de Médecins sans Frontières.

"Champ de bataille"

Entravée dans ses opérations d'évacuations des victimes, l'organisation humanitaire a néanmoins opéré une quinzaine de blessés par jour en moyenne depuis vendredi, dans son hôpital situé à proximité de Cité Soleil.

"Le long de la seule route menant à Brooklyn, nous avons rencontré des cadavres en décomposition ou brûlés", a ajouté Mumuza Muhindo. "Il peut s'agir de personnes tuées lors des affrontements ou essayant de fuir et qui ont été abattues. C'est un vrai champ de bataille."

Ces affrontements meurtriers entre gangs affectent l'ensemble des activités à travers la capitale car c'est à Cité Soleil que se situe le terminal pétrolier qui alimente Port-au-Prince et tout le nord d'Haïti. À travers la capitale, les stations-services ne distribuent plus une goutte de carburant, faisant drastiquement flamber les prix au marché noir.

En colère face à cette situation, des chauffeurs de taxi-moto ont érigé, mercredi, quantité de barricades à travers les principaux axes routiers de Port-au-Prince. Face à ce mouvement spontané, seuls les courts déplacements à moto à l'intérieur des quartiers étaient possibles, ont pu constater des journalistes de l'AFP.

Soumis à de tels aléas, les habitants de la capitale peinent à organiser leurs activités quotidiennes, déjà entravées par le risque d'enlèvement. Depuis plus de deux ans, les gangs multiplient les rapts crapuleux dans la ville, séquestrant des personnes de toute origine socio-économique et de toute nationalité. Jouissant d'une très large impunité, les bandes criminelles ont amplifié leurs actions au fil des semaines : au moins 155 enlèvements ont été commis en juin contre 118 au mois de mai, a signalé le Centre d'analyse et de recherches en droits humains, dans son dernier rapport publié mercredi.

Avec AFP