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Plusieurs aéroports français, dont Charles-de-Gaulle et Orly près de Paris, vont être touchés ce week-end par de nouvelles grèves pour les salaires, avec des annulations et possibles retards à la clé à une semaine des vacances scolaires d'été.

L'été s'annonce chaud... dans les aéroports français. Plusieurs d'entre eux vont être touchés, ce week-end, par de nouvelles grèves pour les salaires avec des annulations et possibles retards à la clé à une semaine des vacances scolaires d'été. Ces mouvements sociaux, sur fond de forte inflation et de franche reprise du trafic après la pandémie de Covid-19, vont se traduire par l'annulation de quelque 17 % des vols au départ ou à l'arrivée de Paris-Charles-de-Gaulle (CDG) entre 7 h et 14 h, selon la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

Les annulations préventives, qui représenteront 10 % des mouvements d'aéronefs à CDG sur l'ensemble de la journée, ont été réclamées par l'administration par mesure de sécurité car les pompiers sont en grève depuis jeudi 30 juin, contraignant à fermer une partie des pistes du premier aéroport français. Les soldats du feu "revendiquent une prime de technicité et une revalorisation de la grille" des salaires, vu "les difficultés de recrutement", a expliqué Daniel Bertone, secrétaire général CGT du gestionnaire de l'aéroport, le Groupe ADP.

En outre, vendredi et tout le week-end, les salariés des plates-formes aéroportuaires parisiennes sont appelés à rejoindre une grève "multisectorielle" et intersyndicale, comprenant ADP et ses sous-traitants, dans le prolongement de celle du 9 juin.

Ce mouvement social, avec des rassemblements prévus devant les terminaux 2E de CDG et 4 d'Orly vendredi, risque de ralentir les flux de passagers à l'approche des installations et aux postes d'inspection filtrage. Le tri des bagages pourrait également être affecté.

Ces frictions "engendrent des retards qui peuvent conduire à des suppressions de vols, une fois que le retard est trop grand", a noté Daniel Bertone, même si son homologue à la CFE-CGC, Rachid Eddaidj, s'est dit incertain des conséquences du mouvement sur les opérations.

Manque de personnel, trafic en hausse

À l'appel d'une intersyndicale FO-CGT-CFE-CGC, un préavis de grève a également été déposé du 1er au 4 juillet à l'aéroport de Marseille-Provence, mais sa direction ne prévoyait jeudi soir ni annulation ni retard, des personnels ayant été réquisitionnés par arrêté préfectoral.

Les grévistes dénoncent une restructuration visant, selon le délégué syndical FO Olivier Traniello, à "diminuer drastiquement le personnel (...) alors qu'on revient à un trafic de 2019, voire supérieur, avec des équipes qui ne sont plus prêtes et armées pour y faire face". Ils protestent aussi contre des diminutions de primes.

Les salariés d'ADP réclament pour leur part des augmentations de salaires de 6 %, rétroactives au 1er janvier, tandis que la direction propose 3 % au 1er juillet, selon les syndicats. ADP n'a pas souhaité faire de commentaire sur ce point.

Les syndicats veulent "une augmentation qui améliore notre pouvoir d'achat et qui répare la baisse engendrée l'année dernière", a souligné Rachid Eddaidj.

ADP, touché comme l'ensemble du secteur aérien par la pandémie de Covid-19, a lancé un plan de départs volontaires et de réductions de salaires, assorties de la promesse d'un retour au même niveau de traitement une fois le trafic revenu à l'avant-crise.

Or, celui-ci dépasse déjà les 100 % de la même période de 2019 sur certains faisceaux, même si les liaisons long-courriers vers l'Asie restent faibles, a remarqué Daniel Bertone : "Il y a 71 % du personnel qui est toujours sous son salaire de 2019".

Des perturbations qui "font craindre le pire pour les vacances"

Alors que le préavis court jusqu'à dimanche inclus chez ADP, le groupe a invité comme jeudi les passagers à arriver en avance, à savoir "trois heures (avant le décollage prévu) pour un vol international, deux heures pour un vol domestique ou européen".

Comme jeudi, Air France a dit avoir annulé plus de 10 % de ses vols court et moyen-courriers vendredi à CDG, et maintenu son programme long-courrier.

La haute saison estivale, démarrant le week-end des 9 et 10 juillet en France, s'annonce très difficile dans l'aérien européen : outre de nombreux mouvements sociaux, le secteur peine à retrouver son efficacité en raison d'une inadéquation entre la forte demande et des effectifs encore trop faibles au sein de certains aéroports ou transporteurs.

Les perturbations dans les aéroports ces dernières semaines "font craindre le pire pour les vacances et les voyages des Français et des Françaises", se sont alarmées jeudi des associations de voyagistes dans un courrier à la Première ministre Élisabeth Borne.

Avec AFP