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Medvedev et Poutine se disputeront-ils le fauteuil présidentiel en 2012 ?

Lors d'un entretien télévisuel, le Premier ministre Vladimir Poutine a laissé entendre qu'il pourrait se présenter à la présidentielle de 2012. Le président actuel, Dmtri Medvedev, n'"exclut pas" non plus de se représenter.

AFP - Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a confirmé jeudi qu'il n'excluait pas un retour au Kremlin en 2012 et appelé à une lutte "très ferme" contre le terrorisme après l'attentat meurtrier contre le train Nevski Express.

Pendant exactement quatre heures - battant un nouveau record pour son grand rendez-vous télévisé annuel - le chef du gouvernement, souvent paternaliste, voire populiste, a répondu à 80 questions de concitoyens sur les défis auxquels le pays est confronté.

"Je vais réfléchir, j'ai encore assez de temps", a répondu M. Poutine, interrogé sur sa possible participation à la prochaine élection présidentielle, allant un peu plus loin dans ses déclarations à se sujet, alors qu'il reste l'homme politique le plus populaire de Russie.

A un auditeur qui lui demandait s'il songeait à la retraite, le Premier ministre, âgé de 57 ans, a répliqué, sourire aux lèvres: "N'attendez rien de tel!"

Mais "nous sommes en 2009 et le plus grand danger consisterait à faire dépendre notre travail quotidien des intérêts de campagnes électorales à venir", a-t-il tempéré.

Le Premier ministre, qui reste considéré comme l'homme fort du pays, a une nouvelle fois démenti toute tension avec le président Dmitri Medvedev, son dauphin, soulignant qu'ils avaient les mêmes valeurs et que leur collaboration était "efficace".

Mais M. Medvedev, en visite à Rome, a lui aussi affirmé, comme il l'avait déjà fait en septembre, qu'il n'"excluait pas non plus" de se présenter à la présidentielle.

Discret ces derniers jours sur l'attentat contre le Nevski Express qui a fait 26 morts vendredi et a été revendiqué par les islamistes du Caucase, M. Poutine a été interrogé d'entrée de jeu sur ce sujet.

"Il faut agir très fermement contre les criminels", a-t-il lancé, sur un ton beaucoup plus mesuré que ses déclarations va-t'en-guerre des dernières années où il promettait de "buter les terroristes jusque dans les chiottes".

"Il est très difficile de prévenir ces actes, en particulier lorsqu'ils visent des infrastructures", a-t-il concédé. "Mais (chacun) peut agir en avertissant les forces de l'ordre" de mouvements suspects, a noté M. Poutine.

Interrogé par des employés de plusieurs entreprises en difficulté, comme le constructeur automobile Avtovaz, le Premier ministre s'est employé à convaincre que malgré une "situation difficile", l'Etat restait aux côtés des Russes.

La chute du PIB, plombé par la crise économique mondiale, sera comprise entre 8,5 et 8,7% pour l'ensemble de 2009, a-t-il averti, revoyant à la hausse sa dernière prévision (8 à 8,5%). "Depuis cinq mois, il y a une croissance modeste", a-t-il toutefois noté.

Assurant "penser aux gens" avant tout, il a promis tous azimuts des contrats, des investissements, des aides et une hausse des retraites.

Bien que les questions internationales n'aient guère été abordées, M. Poutine n'a pas manqué une occasion de critiquer les Etats-Unis, accusés de bloquer l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce.

"L'entrée dans l'OMC reste notre objectif stratégique mais nous avons l'impression que certains, dont les Etats-Unis, font obstacle à l'entrée dans l'OMC pour des motifs que nous ignorons", a-t-il déclaré, alors que Moscou négocie cette entrée depuis plus de 15 ans.

M. Poutine a aussi vertement critiqué Washington pour son refus d'abolir l'amendement Jackson-Vanik de 1974, un texte limitant les relations commerciales russo-américaines qui avait été adopté en raison des restrictions à l'émigration des juifs à l'époque de l'URSS.