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Sénégal : l'opposition renonce à des manifestations interdites par les autorités

L'opposition au Sénégal a finalement annulé des manifestations interdites par les autorités prévues mercredi. Plusieurs responsables politiques ont assuré vouloir désormais concentrer leurs efforts sur les prochaines élections législatives, fin juillet.

La tension descend d'un cran au Sénégal. L'opposition a renoncé mercredi 29 juin à ses manifestations contre le pouvoir, interdites par les autorités, et annoncé qu'elle participerait finalement aux élections législatives du 31 juillet, dans un souci d'apaisement après les heurts mortels de la mi-juin.

Le principal opposant, Ousmane Sonko, a annoncé l'annulation des regroupements à Dakar et dans plusieurs villes du pays après "des appels du peuple qui a exprimé ses inquiétudes par rapport à la fête (musulmane) de la Tabaski" le 10 juillet et à "la période des examens scolaires", lors d'un point-presse dans la capitale.

"Il faut qu'on s'oriente résolument vers la préparation des élections législatives du 31 juillet. (La coalition de l'opposition) Yewwi Askan Wi ira à ces élections", a affirmé Ousmane Sonko. "Nous avons notre liste de suppléants et sommes représentés dans les 54 départements" du pays, a-t-il ajouté.

La tension a grandi au Sénégal après l'invalidation par le Conseil constitutionnel de la liste des titulaires sur la liste nationale de cette coalition d'opposition.

Cette invalidation a éliminé de la course des figures de l'opposition – comme Ousmane Sonko – qui ont dénoncé un stratagème de la présidence pour écarter ses adversaires.

"Si Macky Sall les perd (les législatives), il ne parlera plus de troisième mandat", a affirmé Ousmane Sonko. L'opposition prête au président l'intention de se représenter en 2024. Macky Sall entretient le flou sur le sujet.

Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et candidat déclaré à celle de 2024, et d'autres leaders avaient menacé d'empêcher la tenue des élections législatives si sa liste de titulaires n'était pas prise en compte. Il avait aussi appelé à des manifestations.

La dernière en date, le 17 juin, interdite par les autorités, avait provoqué des heurts. Trois personnes étaient mortes et plus de 200 personnes avaient été interpellées, dont deux députés. L'un a été condamné lundi à six mois de prison avec sursis, l'autre a été relaxé.

"Menaces à l'ordre public"

Les manifestation de mercredi prévues à Dakar et dans plusieurs villes ont elles aussi été interdites par les autorités malgré les appels d'organisation de la société civile pour "mettre fin aux graves atteintes au droit de réunion pacifique".

Pour justifier cette décision, un arrêté du préfet de Dakar a invoqué "des menaces réelles à l'ordre public", "des risques réels d'infiltration par des individus mal intentionnés", "des menaces graves d'atteintes aux édifices publics" et "des risques réels d'entrave à la libre circulation des personnes et des biens".

Il a parlé aussi de violation du code électoral et de son article L.61, qui proscrit toute propagande "déguisée" dans les 30 jours précédant l'ouverture de la campagne électorale.

Celle-ci doit s'ouvrir le 10 juillet en vue des législatives du 31 juillet, qui visent à renouveler les 165 députés de l'Assemblée nationale, largement dominée par la coalition présidentielle.

"La décision de sursoir aux manifestations n'est pas due aux interdictions des préfets", a déclaré Ousmane Sonko qui avait annoncé leur tenue quel que soit l'avis des autorités.

Ousmane Sonko a aussi appelé à un "nouveau concert de casseroles jeudi à partir de 20 H (GMT et locales) pendant 30 minutes", comme le 22 juin. Ce jour-là, des Sénégalais de tous les âges étaient sortis dans la rue ou sur leur balcon pour taper sur leurs ustensiles de cuisine.

La mise en cause d'Ousmane Sonko par la justice dans une affaire de viols présumés avait contribué en mars 2021 à plusieurs jours d'émeutes qui avaient fait au moins une douzaine de morts.

Avec AFP