
Les familles de sept des dix soldats français tués le 18 août 2008 dans une embuscade tendue par les Taliban dans la vallée d'Uzbin, en Afghanistan, ont porté plainte contre X pour "mise en danger de la vie d'autrui".
AFP - Les familles de cinq des dix soldats français tués dans l'embuscade tendue par les talibans le 18 août 2008, dans la vallée d'Uzbin en Afghanistan ont souhaité mercredi à Montévrain "faire sanctionner les responsables" tout en estimant que "la France doit multiplier les troupes en Afghanistan pour combattre les talibans".
"Nous demandons à faire sanctionner les responsables de cette opération même si ça peut gêner le gouvernement (...). Nous souhaitons mettre en cause la préparation de cette opération et les manquements de la chaîne de commandement que nous connaissons", a expliqué à la presse Joël Le Pahun, père de Julien, grenadier-voltigeur au huitième régiment parachutiste d'infanterie de Marine (RPIMa) de Castres, dans le Tarn, décédé à l'âge de 20 ans.
M. Le Pahun a toutefois dit souhaiter que "la France multiplie ses troupes (en Afghanistan) afin de combattre un phénomène qui est celui des talibans".
"Il ne faut pas que nos enfants soient morts pour rien, on a commencé quelque chose, on le finit", a ajouté Jean-François Buil, père du caporal chef Damien Buil. "Il faut y mettre les moyens en hommes et en matériel et il ne faut pas que la mission s'arrête de manière radicale", a-t-il estimé.
Sept des familles des soldats tués dans la vallée d'Uzbin ont porté plainte contre X pour "mise en danger de la vie d'autrui" au tribunal aux armées à Paris.
Les cinq familles présentes mercredi à la conférence de presse avaient déposé sur une table des photos encadrées des dix soldats tués le 18 août.
"Négligence du renseignement, imperfection du matériel dans une offensive prévue par les talibans (...) tous les indicateurs étaient dans le rouge et malgré cela ils y sont allés, c'est incohérent, ces familles ont besoin de connaître la vérité", a regretté Me Gilbert Collard, avocat des sept familles.
"Cette plainte du désespoir, qui sur le plan juridique est une révolution", a pour but de viser "tous les manquements conscients ou délibérés qui ont, dans un contexte de combat, quasiment envoyés au sacrifice les militaires", a ajouté Me Collard avant de préciser que cette plainte "peut tenir si les juges veulent aller jusqu'au bout".
"Nous en sommes arrivés là à cause du mutisme de la Défense, nous sommes motivés, nous irons jusqu'au bout car nous ne voulons pas que cela se reproduise, c'est un acte civique", a martelé M. Le Pahun.
"Quand Nicolas Sarkozy nous a reçu à l'Elysée en septembre 2008, ils nous a dit que c'était sa faute mais cela ne nous suffit pas, nous voulons connaître la vérité", a ajouté Chantal Buil, mère du soldat Damien Buil.