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Tunisie : les magistrats en grève pour dénoncer "l’ingérence permanente" du président Kaïs Saïed

Les magistrats tunisiens ont entamé une grève d'une semaine, lundi, pour protester contre "l'ingérence permanente du président dans le pouvoir judiciaire", suite à la révocation de 57 de leurs confrères par Kaïs Saïed.

À l'appel des principaux syndicats professionnels, les magistrats tunisiens ont entamé, lundi 6 juin, une semaine de grève, accusant le président Kaïs Saïed d’ingérence dans la justice du pays.

"La grève a commencé dans tous les tribunaux du pays et selon nos informations, elle est très suivie", a déclaré à l'AFP le président de "l'Association tunisienne des jeunes magistrats", Mourad Massoudi.

La grève, pour une semaine renouvelable, est observée à l'appel des principaux syndicats professionnels des magistrats pour protester contre le limogeage, jeudi, par le président, de 57 juges, accusés notamment de corruption.

Dans un communiqué publié samedi, ces syndicats ont "fermement condamné l'ingérence permanente du président dans le pouvoir judiciaire". Ils l'accusent de s'octroyer le pouvoir de les révoquer "sans le moindre recours" possible, "violant le droit le plus basique à se défendre, garanti dans la Constitution".

Kaïs Saïed, qui s'est octroyé les pleins pouvoirs en juillet dernier, a révoqué les 57 magistrats en les accusant de corruption et entrave à des enquêtes, après avoir renforcé sa tutelle sur le système judiciaire.

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Crainte d'une dérive autocratique

Parmi les magistrats limogés qui pourront faire l'objet de poursuites, on trouve un ancien porte-parole du pôle de lutte contre le terrorisme, un ancien directeur général des douanes et l'ancien président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Les révocations concernent aussi des magistrats soupçonnés d'avoir entravé l'enquête sur les assassinats en 2013 de deux dirigeants de gauche, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, imputés à des jihadistes.

Kaïs Saïed a aussi fait amender la loi qui régit le CSM, autorité de tutelle de la justice tunisienne, pour pouvoir les révoquer, invoquant une "atteinte à la sécurité publique ou à l'intérêt suprême du pays".

Depuis le 25 juillet 2021, assurant agir dans l'intérêt du pays, Kaïs Saïed concentre tous les pouvoirs et dirige la Tunisie par décrets-lois, faisant craindre une dérive autocratique dans le berceau du Printemps arabe.

Pour sortir de l'impasse provoquée par son coup de force, qualifié de "coup d'État" par ses opposants, le président a proposé une feuille de route qui prévoit un référendum sur la Constitution le 25 juillet et des législatives anticipées le 17 décembre.

Avec AFP