L'administration du président Biden, qui souhaite réviser la politique américaine envers le régime cubain, a annoncé lundi la fin de plusieurs restrictions relatives aux procédures d'immigration, aux transferts d'argent et aux liaisons aériennes. Une décision qui promet de susciter un vif débat tant le sujet est politiquement sensible.
L'administration Biden a annoncé lundi 16 mai la levée d'une série de restrictions visant Cuba, notamment sur les procédures d'immigration, les transferts d'argent et les liaisons aériennes.
Cette annonce, saluée immédiatement comme "un petit pas dans la bonne direction", "mais de portée limitée", par le gouvernement cubain, est le résultat d'une révision de la politique américaine envers le régime communiste, qui avait été lancée par le président américain, Joe Biden.
Selon un communiqué du département d'État, l'administration Biden va notamment remettre en place un programme suspendu depuis plusieurs années, qui facilitait les procédures d'immigration de membres d'une même famille. Elle promet aussi d'augmenter les capacités de traitement des demandes de visas à La Havane.
Les sanctions contre les personnalités demeurent
Les États-Unis vont également supprimer le plafond de 1 000 dollars par trimestre et par émetteur/bénéficiaire qui limitait jusqu'ici les transferts d'argent vers Cuba, et vont autoriser par ailleurs des envois d'argent hors du cadre familial. Le département d'État précise toutefois que ces flux financiers ne doivent pas "enrichir" des personnes ou entités violant les droits humains. Ce plafond avait été décidé par l'ancien président Donald Trump, qui avait pris une volée de mesures à l'encontre de Cuba pendant son mandat.
L'administration Biden va aussi augmenter le nombre de vols entre les États-Unis et l'île, en autorisant la desserte d'autres villes que La Havane. Elle va également autoriser certains voyages de groupes qui sont pour l'heure interdits.
Les sanctions financières visant des personnalités ou des entités cubaines restent toutefois en place, a tenu à préciser l'administration Biden.
"Opportunités économiques"
Les mesures annoncées lundi sont "des décisions pratiques destinées à répondre à la situation humanitaire [à Cuba et à] développer les opportunités économiques [des Cubains]", a expliqué un haut responsable de l'administration américaine.
À La Havane, le ministre des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, a reconnu qu'il s'agissait de "mesures positives" mais qui "ne modifi[ai]ent absolument pas le blocus [l'embargo en vigueur depuis 1962], ni les mesures principales de siège économique prises par Trump". "Ni les objectifs, ni les principaux instruments de la politique des États-Unis contre Cuba, qui est un échec, ne changent", a-t-il ajouté dans une déclaration publiée sur le site du ministère, soulignant la "disposition" de son gouvernement "à entamer un dialogue respectueux et sur un pied d'égalité avec le gouvernement des États-Unis".
Le sujet des relations avec Cuba est politiquement brûlant aux États-Unis, qui abritent une importante communauté d'immigrés d'origine cubaine. "L'annonce du jour risque d'envoyer le mauvais message aux mauvaises personnes au mauvais moment et pour de mauvaises raisons", a immédiatement critiqué Bob Menendez, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, et pourtant membre, comme Joe Biden, du Parti démocrate.
L'opposition conservatrice, quant à elle, est intimement associée depuis longtemps à la critique virulente du régime communiste. Le sénateur républicain Marco Rubio, a ainsi accusé l'administration Biden de compter dans ses rangs des "sympathisants" du régime communiste de Cuba. L'élu de Floride, où réside la majorité de la diaspora cubaine aux États-Unis, a également affirmé que la décision du gouvernement représentait "les premiers pas vers un retour aux politiques ratées d'Obama sur Cuba".
Avec AFP