logo

Washington ne signera pas le traité contre les mines antipersonnel

Les États-Unis ont annoncé qu'ils ne comptaient pas signer le traité contre les mines antipersonnel. Une déception pour les participants à la deuxième conférence de révision du traité qui s'ouvre ce dimanche en Colombie.

AFP - La deuxième conférence de révision du Traité d'Ottawa interdisant les mines antipersonnel s'ouvre dimanche à Carthagène (Colombie) avec pour objectif d'accélerer les progrès contre ce fléau qui a encore tué plus de 5.000 personnes à travers le monde en 2008.

Depuis l'entrée en vigueur du traité, en mars 1999 sous la pression des victimes, les mines ont été bannies dans 156 Etats parties à la convention.

Toutefois, trois grandes puissances, les Etats-Unis, la Chine et la Russie, n'ont toujours pas accepté d'y adhérer et le gouvernement américain a refusé de s'engager sur ce dossier, à moins d'une semaine de l'ouverture de la Conférence de Carthagène "pour un monde libre de mines antipersonnel", qui se tiendra de dimanche à vendredi.

Mardi soir, le département d'Etat a fait savoir que Washington n'envisageait pas d'adhérer, suscitant une vive réaction de la directrice de la Campagne internationale pour l'interdiction des mines (ICBL), Sylvie Brigot.

"Nous ne pouvons pas comprendre cette décision honteuse", a-t-elle déclaré en ajoutant qu'il s'agissait d'un "outrage aux survivants des mines antipersonnel". Washington a depuis indiqué continuer à "re-examiner" sa politique en la matière.

Selon l'ICBL - réseau d'ONG luttant contre les mines antipersonnel qui s'est vu accorder le prix Nobel de la paix en 1997 - les progrès ont toutefois été notables depuis l'entrée en vigueur du traité.

"En 1999, au moins quinze gouvernements avaient recours aux mines, depuis 2007, ils ne sont plus que deux: la Birmanie et la Russie", a noté lors d'une conférence de presse de présentation à Bogota Mary Waheram, de l'organisation Human Rights Watch, membre de l'ICBL.

Treize groupes armés non gouvernementaux n'ont pas encore renoncé aux mines, mais ils étaient des dizaines il y a dix ans.

La tenue de la deuxième conférence de révision en Colombie - la première a eu lieu à Nairobi, en 2004 - n'est pas un hasard car ce pays reste le deuxième au monde comptant le plus de victimes de ces engins explosifs, après l'Afghanistan, avec plus de 8.000 personnes amputées depuis 1990.

C'est aussi ici qu'agit la guérilla des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) "l'un des plus importants utilisateurs de mines" parmi les groupes armés, selon Mme Waheram.

En Colombie, "les mines sont (aussi) utilisées pour protéger les laboratoires (de transformation de cocaïne) et les cultures" de feuille de coca, a affirmé le vice-président colombien Francisco Santos.

Selon l'ICBL, 127 gouvernements seront représentés à Carthagène, dont une cinquantaine par des délégations de haut niveau. La Chine, la Russie et les Etats-Unis ont en outre accepté d'y envoyer des observateurs. Le Comité international de la Croix-Rouge, différentes agences des Nations unies et quelque 400 représentants de la société civile seront également présents.

Les participants tenteront pendant cette semaine d'établir un "plan d'action" quinquennal et redigeront une déclaration finale.

"Nous voulons de vrais engagements des pays encore touchés et des donateurs" pour les programmes de déminage, a déclaré mercredi Sylvie Brigot.

"Nous voulons que l'on reconnaisse qu'il reste beaucoup à faire", a-t-elle ajouté. Selon Handicap International, l'une des organisations fondatrices de l'ICBL, les mines antipersonnel et les munitions non explosées continuent à tuer ou à mutiler une personne toutes les 90 minutes.