
Arrivé largement en tête au sein de la gauche au premier tour de la présidentielle le 10 avril, le parti de Jean-Luc Mélenchon a entamé des discussions, mercredi, avec son rival socialiste. Il n'existe "pas de points insurmontables" pour négocier un accord aux législatives de juin, se sont félicités La France insoumise et la délégation du Parti socialiste, à l'issue de leur rencontre.
La délégation socialiste a fait le déplacement mercredi 27 avril, en se présentant dans la matinée au siège de La France insoumise (LFI), dans le Xe arrondissement de Paris. Les tractations entre les deux formations rivales à gauche ont duré trois heures. "On n'avait pas l'impression de discuter avec le même PS qu'il y a deux-trois ans", a ensuite rapporté à la presse le négociateur en chef de LFI Manuel Bompard.
Après cette première prise de contact, Manuel Bompard a estimé qu'il n'y avait "pas de point de discussion qui paraissait insurmontable" avec le PS, après des années de fracture profonde alimentées par une campagne présidentielle offensive d'Anne Hidalgo à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon.
"Il y a clairement une volonté d'afficher une rupture avec le PS de François Hollande, ils n'avaient pas de difficulté à s'engager sur l'abrogation de la loi El Khomri, sur la VIe République, le blocage des prix, qui sont pour nous des marqueurs importants", s'est réjoui l'eurodéputé LFI.
Cependant, "on attend maintenant de la part du PS une déclaration publique qui permette d'acter ces points de convergence, on verra si, dans ces prochains jours, elle a lieu, et dans ce cas, on pourra continuer à discuter", a-t-il prévenu.
"Optique commune de victoire"
Le porte-parole du PS, Pierre Jouvet, a pour sa part déclaré : "Nous avons eu une discussion constructive qui nous a permis d'avancer sur certains points, il n'y a pas entre nous de point de blocage insurmontable."
"Cette discussion nous a permis d'avancer, démontrant la volonté commune de construire un programme partagé en vue des élections législatives, dans une optique commune de victoire", a-t-il ajouté.
"C'est une première étape importante où chacun a pu exprimer, avec son identité, les marqueurs qui sont les siens, la volonté de cheminer ensemble", a assuré Pierre Jouvet, indiquant que les deux formations allaient "continuer à discuter dans les heures qui suivent".
Les écologistes dénonce une "volonté hégémonique" de Jean-Luc Mélenchon
En revanche, après des débuts prometteurs, les négociations en vue d'un accord avec les écologistes d'Europe Écologie Les Verts patinent. "Jean-Luc Mélenchon veut-il être Premier ministre ? Nous disons chiche ! Gagnons ensemble. Mais l'alliance ne peut pas se faire avec une volonté hégémonique : il ne s'agit pas d'élire des hologrammes dans l'ensemble des circonscriptions", a lancé son secrétaire national, Julien Bayou, dans un entretien à Libération, plaidant pour une "représentation de chacun" qui soit "juste", et non un "bric-à-brac injuste et mal conçu".
Ainsi "nous proposons une coalition", car "si Jean-Luc Mélenchon choisit de refaire aux législatives la même offre politique qu'à la présidentielle, ça produira le même effet : peut-être un bon score, mais ça échouera à peser sur le quinquennat", a-t-il expliqué sur France info.
La France insoumise a regretté, mercredi, dans un communiqué, que "depuis 48 heures, plusieurs dirigeants d'EELV sont revenus publiquement sur les engagements programmatiques importants" déjà pris dans les négociations : retraite à 60 ans, blocage des prix du carburant et application du principe de désobéissance en Europe "quand cela est indispensable pour appliquer notre programme".
LFI affiche son ambition d'obtenir la fonction de Premier ministre pour Jean-Luc Mélenchon par une victoire aux législatives des 12 et 19 juin, après sa solide troisième place à la présidentielle (21,95 %). D'autres discussions bilatérales ont été entamées depuis plus d'une semaine avec les autres formations de gauche, Europe Écologie-Les Verts, le Parti communiste et le Nouveau parti anticapitaliste.
Avec AFP