logo

Le pays placé sous haute surveillance à la veille du scrutin présidentiel

Cinq mois après le coup d'État, les Honduriens sont invités à élire, dimanche, un nouveau président. Retranché à l'ambassade du Brésil de Tegucigalpa, le chef de l'État déchu, Manuel Zelaya, exhorte la population à boycotter le scrutin.

AFP - "La situation est calme, mais j'ai peur d'aller voter, on ne sait pas ce qu'il peut se passer", dit José, vendeur ambulant au "Mercado", le marché populaire de Tegucigalpa, autour duquel une dizaine de policiers contrôlent passants et véhicules.

Le Honduras vote dimanche pour élire un nouveau président, cinq mois après un coup d'Etat qui a renversé Manuel Zelaya, réfugié à l'ambassade du Brésil.

Autour du "Mercado", à Comayaguela, la ville jumelle de Tegucigalpa, les murs exhortent la population à boycotter le scrutin, comme l'a demandé Zelaya et ses partisans qui le jugent "illégal".

A l'inverse, les radios et télévisions, majoritairement anti-Zelaya, diffusent des spots appelant au vote. Un encart dans la presse insinue qu'un électeur peut être fiché s'il ne vote pas. Un spot anonyme assure: "Si tu ne votes pas, c'est que tu votes (Hugo) Chavez".

Manuel Zelaya, élu sous l'étiquette libérale, mais ayant opéré un virage à gauche en 2008 en se rapprochant du président vénézuélien, a été renversé le 28 juin, le jour où il devait organiser une consultation populaire pour préparer sa réélection, contre l'avis de la Cour suprême.

La participation au scrutin de dimanche sera décisive. Elle permettra à Zelaya, qui ne peut pas se présenter, de mesurer ses forces. Le candidat favori est Porfirio Lobo, vaincu par Zelaya en 2005.

Le scrutin va se dérouler sous haute surveillance. La police et l'armée ont déployé 30.000 hommes et décrété la saisie des armes en circulation, dans un pays parmi les plus violents de la planète, où un particulier peut posséder jusqu'à cinq armes.

Aux portes de la capitale et dans le centre, la police effectue des contrôles sélectifs. Mains en l'air, fouilles corporelles, coffres et valises ouvertes, au check-point de Durazno, les gens semblent coopérer.

"Nous vivons une situation atypique, la confiance ne règne pas. Dimanche ça peut être un jour dangereux. Il faut aller voter et rentrer à la maison", dit Manuel Aceitunos au volant de sa voiture qui vient d'être fouillée.

D'un pick-up, un policier sort une machette de trente centimètres et la confisque. En vertu d'un "désarmement général", toute arme, légale ou non, trouvée sur quelqu'un, est saisie. Si elle est légale, elle sera rendue à son propriétaire après l'élection.

"C'est calme", rassure le commandant de Comayaguela, José Leandro Osorio, dans son bureau à proximité du "Mercado". "Ici, c'est l'endroit le plus conflictuel de la ville, il y a des bureaux de vote, et il n'y a pas de problèmes", ajoute-t-il, promettant une élection sans incidents.

Mais la présence de la police et l'armée ne tranquilise pas tout le monde.

"La situation est tendue depuis le 28 juin, il y a eu un coup d'Etat, c'est un Etat policier", dit Carlos Bonilla, vendeur de vêtements au "Mercado".

Depuis le 28 juin, une trentaine d'attaques à l'explosif ont causé des dégâts matériels dans le pays. Les autorités putschistes accusent les pro-Zelaya, qui dénoncent des provocations des autorités putschistes.

Entre cinq et neuf personnes sont mortes dans des manifestations, selon les sources. Plus de 1.000 autres ont été arrêtées illégalement et près de 500 torturées, selon le Comité de familles de prisonniers et de disparus du Honduras (Cofadeh).

"Restez chez vous!", a dit à ses partisans Juan Barahona, un dirigeant du Front national de Résistance au coup d'Etat qui a appelé à un "couvre-feu populaire" pour éviter toute répression.

Selon Amnesty International, les autorités putschistes ont constitué des stocks de 10.000 grenades lacrymogènes.