
La quasi-faillite de l'émirat de Dubaï, qui a demandé un moratoire sur la dette du fleuron de son économie, Dubaï World, a affolé les marchés qui craignent un défaut de paiement.
La quasi-faillite de l'émirat de Dubaï, qui a demandé un moratoire sur la dette du fleuron de son économie, Dubaï World, l'équivalent en France de la Caisse des dépôts, déclenche de vives inquiétudes sur les marchés financiers. Les places boursières redoutent toutes un défaut de paiement, autrement dit que Dubaï n’honore pas ses engagements vis-à-vis de ses créanciers.
"Les inquiétudes concernant Dubaï ont largement contribué à créer un sentiment de panique sur les marchés, et ce justement le jour où les marchés américains sont fermés [à cause de Thanksgiving, ndlr]", explique Peter Dixon, économiste chez Commerzbank. Sur les Bourses asiatiques et à la Bourse de Paris, les obligations islamiques - les "soukouks" - ont reculé de 15 %.
Échec du gouvernement
L'agence de notation financière Moody's a rétrogradé la notation de six importantes compagnies liées au gouvernement de Dubaï. "Moody's a toujours indiqué que la manière avec laquelle le gouvernement traiterait les dettes de Nakheel constituerait un test crucial pour Dubaï", affirme l'agence, ajoutant qu’"un rééchelonnement de la dette indiquerait que le gouvernement se prépare à permettre à une firme qui lui est liée de ne pas honorer ses obligations.
L'agence de notation Standard and Poor's a, quant à elle, rétrogradé la notation de cinq compagnies, dont DP World et Emaar Properties. Elle estime que la décision de l'émirat de demander un moratoire sur Dubaï World "représentait l'échec du gouvernement de Dubaï à apport un soutien financier opportun" à une compagnie de premier plan.
Avec ses buildings de luxe, ses hôtels dernier cri et ses projets futuristes, Dubaï incarnait, jusqu’il y a peu, la ville du nouveau millénaire. Mais, après des années d’essor incomparable, le nouvel eldorado arabe est rattrapé par la crise mondiale. La richesse de Dubaï ne repose pas sur l’or noir mais sur le loisir et les services : résultat, depuis début 2009, les licenciements massifs s’enchaînent, les projets annulés ou retardés se multiplient et les prochains mois promettent d’être difficiles.
La dette totale de Dubaï est estimée entre 80 milliards et 90 milliards de dollars, dont 70 milliards de dollars à la charge des compagnies publiques. A lui seul, Dubaï World accapare 59 milliards de dollars de ce montant.
Dubaï devrait régler 13 milliards de dollars de dettes en 2010
Filiale de Dubaï World, le géant de l'immobilier Nakheel - constructeur des Palm Islands, les îles artificielles en forme de palmier devenues le symbole du développement spectaculaire de l’émirat -, est incapable de rembourser sa dette de 3,5 milliards qui arrivait à échéance mi-décembre.
"Le marché […] s'attendait à un règlement de la dette de Nakheel en décembre 2009", explique à l'AFP Monica Malik, économiste de la banque EFG-Hermes. "Les obligations de Dubaï pour 2010-2011 sont déjà importantes", souligne-t-elle. Dubaï devrait régler 13 milliards de dollars de dettes en 2010 et 19,5 milliards en 2011.