L'Autorité palestinienne oppose une fin de non-recevoir à l'offre israélienne de suspendre pendant dix mois la colonisation en Cisjordanie occupée. La proposition est jugée très insuffisante, car elle ne concerne pas Jérusalem-Est.
"La balle est désormais dans le camp palestinien et on va bien voir ce qui va se passer", affirme le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman. Depuis que le Premier ministre israélien a annoncé une suspension de dix mois des constructions de nouvelles colonies en Cisjordanie, à l'exclusion des chantiers en cours et des projets concernant des bâtiments publics (écoles, synagogues, etc.), tous les regards se tournent vers les Palestiniens, ce jeudi. Benjamin Netanyahou se félicite, lui, d'avoir démontré au monde "une simple vérité, à savoir que le gouvernement israélien veut ouvrir des négociations avec les Palestiniens (...) et que ses intentions de parvenir à la paix sont sérieuses".
Jérusalem-Est au cœur des blocages
L'initiative ne convainc pas, toutefois, le camp palestinien, qui a rapidement opposé une fin de non-recevoir à la proposition israélienne, jugeant que " Netanyahou n'a avancé aucune formule pour relancer les négociations" de paix. "Qu'est-ce qui a changé pour rendre acceptable, aujourd'hui, ce qui ne l'était pas il y a une semaine ou dix jours ? L'exclusion de Jérusalem est un problème très sérieux pour nous", a confié à la presse le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad.
Le coup de frein proposé par le Premier ministre israélien ne concerne effectivement pas Jérusalem-Est, où Netanyahou "n'impose aucune limitation" à l'installation des colons. "Aux yeux des Palestiniens et des Arabes, Jérusalem est une ligne rouge à ne pas franchir", précise Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Les Palestiniens considèrent la partie orientale de la Ville sainte, majoritairement arabe et annexée par l’État hébreu en 1967, comme la capitale de leur futur État. De son côté, Israël revendique l'ensemble de la cité, sa "capitale éternelle et indivisible".
Une initiative saluée par les Américains
Cette concession du gouvernement israélien lui permet de rallier Washington à sa cause. "L'annonce faite par le gouvernement israélien aide à avancer vers la résolution du conflit israélo-palestinien", confie ainsi la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton. "Ce n'est pas un gel total des colonies, mais c'est plus que ce qu'aucun gouvernement israélien a fait auparavant, et cela peut faire progresser les deux parties vers un accord", ajoute de son côté George Mitchell, l'émissaire spécial de Barack Obama pour le Proche-Orient.
L’administration Obama, qui cherche à relancer le processus de paix israélo-palestinien au point mort depuis un an, ne devrait pas tarder à intensifier les pressions sur Mahmoud Abbas pour qu’il réponde favorablement à l’infléchissement des Israéliens avant la fin de son mandat.