Le militant nationaliste corse Yvan Colonna, condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Érignac en 1998, a été très grièvement blessé mercredi par un détenu de la prison d'Arles où il était incarcéré. "Son état est très préoccupant", a affirmé une source proche du dossier.
Le militant indépendantiste corse Yvan Colonna est dans un état "très grave, son pronostic vital est engagé", d'après une source proche de l'enquête ouverte après son agression, mercredi 2 mars, dans la cour de promenade de la prison d'Arles où il était incarcéré. Il a été transféré dans l'après-midi vers un hôpital de Marseille.
Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Érignac en 1998, Yvan Colonna a été violemment attaqué à mains nues par un autre détenu, pour des raisons encore inconnues, a précisé une source policière à l'AFP, confirmant une information de BFMTV.
"Pour l'instant, il est en réanimation, il n'est pas mort", a indiqué en milieu d'après-midi à l'AFP la source proche de l'enquête. "Son état est très préoccupant", a confirmé auprès de l'AFP une source proche du dossier, ajoutant que son agresseur avait mis un "sac" sur la tête d'Yvan Colonna, qui a perdu connaissance.
La police judiciaire a été saisie de l'enquête pour tentative d'assassinat, selon une source proche de l'enquête.
Agressé par un jihadiste interpellé en Afghanistan
Son agresseur présumé est un jihadiste de 36 ans, interpellé en Afghanistan en 2012 par les Américains avant d'être remis à la France en 2014, et il purge une peine de neuf ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste, ont précisé à l'AFP deux sources proches du dossier. Ce détenu était libérable en 2023, selon une source syndicale pénitentiaire.
La même source a précisé à l'AFP qu'il s'occupait du ménage de la salle de sport tandis qu'Yvan Colonna était seul dans la salle.
Un des avocats du militant indépendantiste, Sylvain Cormier, a confirmé à l'AFP qu'Yvan Colonna était "vivant mais dans un état critique". "La famille est catastrophée, c'est l'enfer", a-t-il ajouté.
Me Cormier a jugé "particulièrement ahurissant qu'alors qu'Yvan Colonna est l'un des détenus les plus surveillés de France de par son statut (...), qui l'empêche d'être rapproché de ses proches en Corse, l'administration pénitentiaire se soit révélée incapable d'assurer sa protection élémentaire".
Quatre ans de cavale
Aujourd'hui âgé de 61 ans, le berger et militant indépendantiste avait été interpellé en juillet 2003 pour l'assassinat du préfet Claude Érignac en février 1998 à Ajaccio, après quatre ans de cavale dans le maquis corse. Il a toujours nié les faits.
Emprisonné à Arles, Yvan Colonna a fait plusieurs demandes de rapprochement en Corse, toutes refusées. Vingt-quatre ans après les faits, trois hommes sont toujours emprisonnés pour l'assassinat du haut fonctionnaire.
Le soir du 6 février 1998, le préfet de Corse, Claude Érignac, meurt sous les balles d'un tueur qui lui tire dans le dos, dans une rue d'Ajaccio, alors qu'il se rend à pied au théâtre. Il est atteint de trois projectiles de calibre 9 mm dont l'un tiré dans la nuque à bout portant et deux dans la tête pour l'achever à terre. L'arme, un pistolet Beretta, abandonnée sur place, avait été volée en 1997 lors d'une opération commando à la gendarmerie de Pietrosella, près d'Ajaccio.
Avec AFP