
La primaire Les Républicains, qui a désigné Valérie Pécresse comme candidate à la présidentielle 2022 a été entachée de "manœuvres frauduleuses" visant à gonfler le corps électoral. C'est ce qu'affirme mercredi le quotidien Libération, qui a eu accès au fichier des adhérents et y a trouvé des membres fictifs ou décédés, et même un chien.

Un chien, des morts et des étrangers parmi les adhérents du parti Les Républicains ? C'est ce qu'a dévoilé mercredi 23 février le quotidien français Libération, qui a eu accès au fichier des adhérents, et donc potentiellement des votants à la primaire LR, qui a vu Valérie Pécresse désignée candidate à la présidentielle. Le journal révèle dans une longue enquête des pratiques qui, sans remettre en cause la victoire de la candidate, "questionnent la sécurité et la sincérité du scrutin".
Dénonçant une "tentative de déstabilisation", Les Républicains ont affirmé dans un communiqué qu'il allaient déposer plainte contre le quotidien. "Le Congrès des Républicains a été en tous points exemplaire, tant par son organisation que par sa mobilisation", a assuré le parti, en dénonçant "des approximations, des sous-entendus et des allégations infondées" visant "clairement à délégitimer la candidate".
"Parmi les adhérents ayant rejoint LR en 2021, certains n'existent pas ou plus", affirme cependant Libération, qui rappelle que LR a vu ses effectifs passer d'environ 80 000 fin septembre 2021 à 148 862 le 17 novembre suivant.
D'autres "sont bien en peine d'expliquer pourquoi et comment ils sont entrés au parti" et certains "ne s'intéressent guère aux idées de LR et à sa candidate", ayant "suivi les consignes" ou "rendu service à une connaissance, qui a parfois réglé leur adhésion", affirme Libération.
"Plusieurs centaines de votants"
Ces pratiques, qui "ne sont pas toutes illégales", représentent "au minimum plusieurs centaines de votants", selon le quotidien, qui n'a pas pu consulter la liste d'émargement, détruite après le vote, qui a eu lieu du 1er au 4 décembre 2021.
Pour LR il y a là "une confusion douteuse entre un supposé 'fichier adhérents' et la liste électorale du scrutin". "Suite à la stricte application de nos critères de sécurité, ce sont plus de 9 000 adhérents qui ont été exclus du corps électoral" après vérification, ajoute le communiqué.
Le premier tour de la primaire avait été serré, Éric Ciotti devançant Valérie Pécresse de 665 voix. Derrière, Michel Barnier était à 1 209 voix, et Xavier Bertrand à 2 966 de la présidente de l'Île-de-France.
Sollicité par l'AFP, l'entourage de Valérie Pécresse a souligné que la primaire LR avait été "exemplaire par son organisation, sa mobilisation, et son union".
Dans les fichiers, Libération a même repéré un chien inscrit en région Paca par son propriétaire pro-Ciotti, et "au moins trois personnes censées avoir rejoint le parti après leur décès".
Lobbying auprès de la communauté chinoise
Le quotidien affirme aussi qu'en Île-de-France, la région de Valérie Pécresse, "un certain nombre d'adhérents n'ont pas la nationalité française, et donc pas le droit de vote", et que "parfois ils ne parlent pas français, ou à peine". Il s'agirait notamment de membres de la communauté chinoise, recrutés en face-à-face ou sur le réseau social WeChat, notamment par des responsables d'associations communautaires, selon l'article.
Libération souligne aussi le "travail de lobbying très efficace" mené auprès de la communauté chinoise par plusieurs élus de Seine-Saint-Denis, "en lien avec le vice-président de la région Patrick Karam", un proche allié de Valérie Pécresse.
Investie début décembre par son parti et créditée à ce moment-là de 17 % dans cette enquête pour Challenges, Valérie Pécresse ne cesse depuis de reculer. Elle a ainsi encore cédé un point sur une semaine, et se trouve en 4e position, nettement dépassée par le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour (15,5 %, +1 pt) et par Marine Le Pen (17 %, -0,5 pt).
Avec AFP