
Accusés sur les réseaux sociaux d'avoir voulu "assassiner" le président centrafricain, quatre militaires du corps de la Légion étrangère de l'armée française opérant sous la bannière de l'ONU, ont été arrêtés lundi après-midi à l'aéroport de Bangui. Une enquête a été ouverte mardi par la Centrafrique "pour faire la lumière sur les faits."
La Centrafrique a ouvert une enquête, mardi 22 février après l'arrestation la veille de quatre militaires du corps de la Légion étrangère de l'armée française opérant sous la bannière de l'ONU, a annoncé le procureur de la République à Bangui.
Les quatre hommes armés escortaient un général français de la force de maintien de la paix de l'ONU (Minusca) à l'aéroport, avaient assuré lundi l'armée française et l'ONU. Ils avaient été accusés sur les réseaux sociaux d'avoir voulu "assassiner" le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, ce que Paris et l'ONU ont démenti. "Le parquet a décidé de l'ouverture d'une enquête régulière pour faire la lumière sur les faits", a déclaré le procureur Laurent Lengande sur la radio d'État.
"Concours de circonstances"
"L'ambassade regrette vivement cet incident. Elle condamne son instrumentalisation immédiate sur certains réseaux malveillants et la désinformation grossière à laquelle elle donne lieu", écrivait la représentation diplomatique lundi soir.
"Ils étaient à l'aéroport pour escorter le général, c'est un concours de circonstances qui a fait qu'au même moment, l'avion du président Touadéra atterrissait", a expliqué l'état-major parisien des armées à l'AFP.
"Sans raisons particulières, ils ont été arrêtés par la gendarmerie centrafricaine alors qu'ils se trouvaient près de l'aéroport et des accusations relatives à une tentative d'attentat ont été portées via les réseaux sociaux", a poursuivi cette source.
Cet incident survient au moment où les relations entre la France et son ancienne colonie sont de plus en plus tendues, exacerbées par une féroce guerre d'influence entre Paris et Moscou, dans ce pays en guerre civile depuis 2013.
La France reproche à la Centrafrique d'être "complice" d’une campagne antifrançaise orchestrée par Moscou notamment par d'innombrables trolls sur les réseaux sociaux et dans certains médias. Et Moscou reproche à Paris d'accuser la compagnie de sécurité privée russe Wagner d'avoir fait main-basse sur le pouvoir et les ressources du pays.
"Une tentative de manipulation de l'opinion publique"
Dans un communiqué, la Minusca a "regretté cet incident et condamne vivement son instrumentalisation sur les réseaux sociaux, dans une tentative de manipulation de l’opinion publique". "Elle rejette catégoriquement les accusations d’atteinte à la sûreté de l’État", conclut la force de maintien de la paix.
La Minusca compte environ 15 000 militaires et policiers dans ce pays parmi les plus pauvres du monde et en guerre civile depuis près de neuf ans.
Fin décembre 2020, une coalition de plusieurs des groupes armés qui contrôlaient alors plus des deux tiers de la Centrafrique avait lancé une offensive en direction de Bangui pour renverser le président Touadéra à la veille de la présidentielle.
Le chef de l'État, finalement réélu, avait alors appelé Moscou à la rescousse de son armée démunie et mal entraînée et des centaines de paramilitaires russes étaient venus s'ajouter à de nombreux autres présents depuis trois ans. Des "instructeurs non armés" assure Moscou, des combattants de Wagner selon l'ONU et la France, qui les accusent de commettre des violations de droits de l'Homme.
Depuis leur contre-offensive fulgurante, les militaires centrafricains, essentiellement grâce aux paramilitaires russes, ont regagné la majeure partie du territoire, poussant les rebelles hors des villes et de leurs principaux bastions. Ces derniers mènent aujourd’hui des actions furtives de guérilla contre les forces de sécurité et les civils.
Avec AFP