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L'Ukraine appelle à être "ferme" avec Moscou, Londres prépare un déploiement de troupes

L'Ukraine a appelé samedi les Occidentaux à être "fermes" dans leurs négociations avec la Russie, accusée de préparer une invasion du pays. Le Royaume-Uni envisage de son côté un déploiement "majeur" de troupes en Europe pour répondre à la montée de "l'hostilité russe" envers Kiev.

Les Occidentaux maintiennent la pression sur la Russie, qu’ils accusent de préparer une invasion de l’Ukraine. Kiev a appelé, samedi 29 janvier, les Occidentaux à être "fermes" dans leurs négociations avec Moscou alors que le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a affirmé de son côté préparer un déploiement "majeur" de troupes, de navires de guerre et d'avions de combat en Europe.

"J'ai donné l'ordre à nos forces armées de se préparer à déployer des troupes en Europe la semaine prochaine, de manière à être en mesure d'apporter un soutien terrestre, aérien et naval à nos alliés de l'Otan", a souligné Boris Johnson.

Cette proposition, qui devrait être faite lors d'une réunion des chefs militaires de l'Otan la semaine prochaine, pourrait voir Londres doubler le contingent britannique de quelque 1 150 soldats actuellement déployés en Europe de l'Est et fournir des "armes défensives" à l'Estonie, selon les services du Premier ministre.

Depuis fin 2021, les tensions sont au plus haut autour de l'Ukraine, aux frontières desquelles Moscou a massé des dizaines de milliers de soldats. Si la Russie se défend de tout projet d'attaque, elle exige des garanties pour sa sécurité, dont le rejet d'une adhésion de Kiev à l'Otan.

Cette demande clé a été rejetée par les États-Unis cette semaine dans une réponse écrite à Moscou. Mais la porte reste ouverte à des négociations, le Kremlin ayant dit vouloir prendre le temps d'analyser la réponse de Washington.

Lors d'une conversation téléphonique avec son homologue français Jean-Yves Le Drian, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a appelé samedi les Occidentaux à "être vigilants et fermes dans les contacts avec la Russie", disant viser "un règlement politique et diplomatique" de la crise. Il aussi appelé à "éviter les mesures susceptibles d'alimenter l'anxiété" et de "compromettre la stabilité financière" de cette ex-République soviétique, l'un des pays les plus pauvres d'Europe.

Ces propos font écho à ceux du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a exhorté vendredi à ne pas semer la "panique", alors que plusieurs pays dont les États-Unis ont évacué les familles de leurs diplomates.

Militaires américains en alerte

Le président américain Joe Biden maintenait pour sa part la pression en annonçant l'envoi prochain d'un contingent de soldats en Europe de l'Est, une nouvelle qui ne manquera pas d'irriter Moscou, qui dénonce le renforcement de l'Alliance à ses frontières depuis vingt ans.

"Je vais envoyer des troupes américaines en Europe de l'Est et dans les pays de l'Otan prochainement", a annoncé vendredi Joe Biden, dont le pays a déjà placé 8 500 militaires en alerte pour renforcer l'Otan.

La France a pour sa part annoncé l'envoi de "plusieurs centaines" de soldats en Roumanie, pays frontalier.

Jean-Yves Le Drian et son homologue allemande Annalena Baerbock doivent se rendre en Ukraine les 7 et 8 février.

De son côté, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki est attendu mardi à Kiev. "La Pologne soutient l'Ukraine pour empêcher l'agression de la Russie", a tweeté le porte-parole du gouvernement polonais, Piotr Muller.

S'estimant menacée par l'élargissement continu de l'Otan à ses frontières et par le soutien occidental à l'Ukraine, la Russie souhaite un retour des déploiements militaires aux frontières de 1997. Les demandes russes ont été formellement rejetées mercredi par les États-Unis et l'Otan.

"Les réponses des États-Unis et de l'Otan n'ont pas tenu compte des inquiétudes fondamentales de la Russie", a relevé le Kremlin vendredi, à l'issue d'une conversation entre Vladimir Poutine et le président français, Emmanuel Macron.

"Le président Poutine n'a exprimé aucune intention offensive", a noté la présidence française, ajoutant que les deux dirigeants avaient convenu de la "nécessité d'une désescalade".

Promesses de sévères sanctions

Les Européens et les Américains ont promis des sanctions sans précédent en cas d'attaque contre l'Ukraine. Ont été évoqués le gazoduc stratégique Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, ou encore l'accès des Russes aux transactions en dollars, la monnaie reine dans les échanges internationaux.

Les États-Unis ont par ailleurs saisi jeudi le Conseil de sécurité de l'ONU, réclamant une réunion lundi en raison de la "menace claire" que fait peser à leurs yeux la Russie sur "la paix et la sécurité internationales".

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a assuré que la Russie ne voulait "pas de guerre" et préférait la "voie de la diplomatie".

Moscou avait prévenu qu'un rejet de ses demandes allait se traduire par des représailles, sans plus de précisions.

Des députés russes ont proposé que Moscou reconnaisse l'indépendance des territoires ukrainiens sous le contrôle des séparatistes prorusses, qui combattent les forces de Kiev depuis 2014, et qu'elle leur fournisse ouvertement des armes.

Avec AFP