Pour faire fonctionner son monde immersif, Meta se lance dans la course mondiale aux supercalculateurs. Alors que la maison mère de Facebook rêve de faire entrer le monde entier dans son métavers, cette accélération rappelle le rôle central de Taïwan dans l'électronique mondiale, au cœur de la bataille technologique entre la Chine et les États-Unis.
AI Research SuperCluster (RSC) : retenez bien ce nom… Car d'après Meta, la maison mère de Facebook, il pourrait bien devenir le supercalculateur le plus rapide du monde à partir de juin, lorsqu’il sera finalisé. La promesse de ses concepteurs ? Lui permettre de travailler dans des centaines de langues différentes, d'analyser des millions de textes simultanément, tout comme de travailler sur des outils de réalité augmentée à grande échelle.
Si on ne sait pas où il sera localisé, ce supercalculateur promet de s'approcher de cinq exaflops. Une gageure alors que très peu de supercalculateurs ont aujourd'hui dépassé la barrière de l'exaflop, soit un milliard de milliards d'opérations par seconde. Meta devra en tout cas affronter différents concurrents, comme le Japonais Fujitsu, ou encore le Chinois Sunway TaihuLight.
La folie des grandeurs ? Alors que The Sandbox – qui développe son propre monde immersif – vient de nouer un accord avec Warner, et que Decentraland a décidé de créer une réplique de l'Open d'Australie, Meta a besoin d'une très grande puissance de calcul pour faire fonctionner son propre métavers. "Généraliser ces modes d’interaction à des millions, sinon milliards d’individus, n’est pas à la portée des capacités de calcul actuelles", rappelle Alexandre Bounouh, chercheur au Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Reste à régler la question environnementale, car la fabrication des puces nécessaires à la mise au point de ces appareils, tout comme l'énergie nécessaire pour les refroidir, donne encore le tournis.
Taïwan est bien placé pour le savoir. L'île, essentielle dans la mise au point de la matière première de ces supercalculateurs, abrite en effet les usines de TSMC, qui se trouve plus que jamais au cœur de la bataille technologique entre la Chine et les États-Unis. Ce fabricant engloutit en effet plus de 150 000 tonnes d'eau par jour pour mener à bien la production de ses semi-conducteurs. Et l'île, qui a connu au début de l'an passé une sécheresse historique, a dû sacrifier en partie l'irrigation de ses campagnes pour ne pas ralentir la production... Des puces de plus en plus petites mais avec un impact qui reste encore très important sur l’environnement.