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Herman van Rompuy, un président symbole de compromis

Si les Vingt-Sept saluent l'élection du Belge van Rompuy à la tête de l'UE et de la Britannique Catherine Ashton pour en diriger la diplomatie, les observateurs s'inquiètent de la capacité de deux inconnus à faire entendre la voix de l'Europe.

Les 27 pays membres de l’Union européenne ont désigné, jeudi, le Belge Herman van Rompuy pour devenir son premier président et la Britannique Catherine Ashton pour occuper le siège de haut représentant de l'UE aux Affaires étrangères.

La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy se sont félicités de l’issue du scrutin. "Si le reproche qu’on peut faire [à Van Rompuy], c’est de ne pas être déterminé ou d’être trop souple, vous risquez d’avoir de sacrés surprises", a prévenu le président français, anticipant les critiques.

Les deux noms ont fait consensus au sein des membres de l’Union, mais sont peu connus des citoyens européens. C’est d'ailleurs la principale critique formulée au lendemain d'un vote qui a fait l’objet de moult tractations. Nombreux sont ceux qui considèrent que l’objectif de la création du poste de président - permettre à l'Europe de mieux faire entendre sa voir sur la scène internationale face aux Etats-Unis et aux puissances émergentes - ne pourra pas être atteint.

"L'Europe a atteint le fond"

Cetaines voix épinglent le choix de deux personnalités discrètes, un choix qui serait le signe de la volonté des grands Etats de conserver le contrôle des décisions.

"Ce sont deux nouvelles fonctions et on ne peut pas y jeter deux personnalités charismatiques et incontrôlables", estime pour sa part Yves Bertoncini, spécialiste des questions européennes, interrogé par FRANCE 24.

Pour Daniel Cohn-Bendit, chef de file des Verts au Parlement européen, "l'Europe a atteint le fond". "Après avoir nommé un président faible de la Commission européenne [José Manuel Barroso ndlr], les chefs d'Etat ont désormais nommé un président du Conseil falot et une haute représentante insignifiante", a-t-il asséné jeudi.

Mais selon Katalin Lanadaburu, correspondante de FRANCE 24 à Bruxelles, par ce choix, "l’Europe a répondu à un certain nombre d’équilibres". La journaliste explique que pour le poste de président du Conseil, il fallait quelqu’un originaire de la famille politique actuellement majoritaire dans l’UE, la droite conservatrice, ce qui est le cas de Van Rompuy. Elle rappelle aussi qu’il est originaire d’un petit pays, néanmoins fondateur de l’Union et ayant adopté l’euro, autant de critères qui ont joué en sa faveur.

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Volonté de nommer une femme

Peu connu dans le reste de l’Europe, le Premier ministre belge est celui qui a su trouver un compromis entre les deux communautés linguistiques du pays. Ce chrétien démocrate de 62 ans a sorti la Belgique d’une crise politique sans précédent en décembre 2008.

Dans sa première déclaration, le nouveau président de l’Union européenne a indiqué vouloir rester "discret" et se concentrer sur un rôle de facilitateur de compromis entre pays.

Le choix de Catherine Ashton a, en revanche, davantage surpris en raison de son manque d’expérience en diplomatie. A 53 ans, elle occupait jusqu'à aujourd'hui le poste de commissaire européenne en charge des dossiers commerciaux. "Je ne prétends pas être un expert" mais "jugez-moi sur mes actes", s'est-elle défendue jeudi soir.

Ce choix s’explique là aussi par une volonté d’équilibre, explique Katarina Landaburu. La baronne Ashton aurait également bénéficié de la volonté de nommer une femme quand tous les autres postes sont attribués à des hommes. "C’est aussi un moyen de faire revenir la Grande-Bretagne dans le centre de l’Europe", estime la correspondante de FRANCE 24.