Une véritable "marée verte" a envahi les rues d’Alger, mercredi soir, pour célébrer la qualification de l’Algérie à la phase finale de la Coupe du monde en Afrique du Sud aux dépends de l’Égypte, lors du match d'appui disputé au Soudan entre les deux équipes.

Dès le coup de sifflet final, des centaines de milliers d’Algérois sont descendus dans les rues du centre-ville et des faubourgs de la capitale. Du jamais vu depuis la fin de la décennie noire des années 1990... Alger s’est installée dans une méga-fête populaire qui devrait connaître son paroxysme avec le retour au pays des "Fennecs".

Réputée pour sa passion débordante pour le ballon rond, l’Algérie n’a pas connu une telle liesse populaire depuis 1986, date de sa dernière participation à la Coupe du monde de football.

Des familles entières ont renoué avec les sorties nocturnes, promenades impossibles durant les années de violence.

Panoplie

Vainqueurs par 3 buts à 1 lors du match aller, à Blida, les Algériens, défaits au Caire (2-0) samedi dernier lors du match retour, ont été contraints de disputer un match d’appui contre les "Pharaons" pour se qualifier. La confrontation cairote a été émaillée d’incidents : le bus de l’équipe algérienne a été ‘’caillassé’’ et les supporters des deux équipes se sont affrontés après la rencontre.

Munis de la panoplie du ‘’parfait supporter’’ - banderoles, tambours, saxophone -, les plus jeunes ont célébré la qualification jusque tard dans la nuit. Rue Didouche Mourad (ex-Rue Michelet), les Champs Élysées d’Alger, les supporters ont savouré, à leur manière, la revanche des ‘’Fennecs’’ sur les ‘’Pharaons’’.

Mais au soir de la qualification, les violences du Caire étaient encore sur toutes les lèvres. "Les Égyptiens nous ont dénigrés, explique l’un d’eux au micro d’Ahmed Tazir, correspondant de FRANCE 24 à Alger. Ils nous ont frappés et insultés. Aujourd’hui, on leur répond avec notre fair-play : ‘Nous sommes algériens'".

Exutoire

Pour mieux narguer l’adversaire, la foule improvise, narquoise, des danses orientales à l’égyptienne.

La qualification des Verts au Mondial résonne comme un moment de bonheur pour un pays qui reste meurtri par dix années d'une guerre sanglante entre le pouvoir et les islamistes au cours de laquelle quelque 150 000 personnes ont trouvé la mort.

Heureux de la performance de leurs champions, les jeunes Algériens jubilent, comme en témoigne ce sentiment d'un fêtard recueilli mercredi soir : "C'est la réconciliation qui est importante. Regardez devant vous : pendant toute une décennie, cette jeunesse n'a vécu que la violence. Il s'agit d'une grande victoire pour elle !"

Réconciliation entre Algériens ou pas, la passion du foot agit comme un exutoire aux problèmes sociaux que connaît le pays.