REUTERS - Le président afghan Hamid Karzaï va prêter serment ce jeudi pour un second mandat, durant lequel il devra convaincre l'Occident qu'il reste un partenaire crédible, après une réélection dont son image n'est pas sortie grandie.

Hillary Clinton, qui effectue sa première visite en Afghanistan en qualité de chef du département d'Etat, ainsi que ses homologues britannique et français, David Miliband et Bernard Kouchner, seront au nombre des 300 dignitaires étrangers qui assisteront à la cérémonie d'investiture, au palais présidentiel, à Kaboul. Le chef de la diplomatie turque sera lui aussi dans la salle.

"En ce m

oment, le président Karzaï et son gouvernement tiennent l'occasion de passer un nouveau contrat avec le peuple afghan, de prouver que des comptes seront rendus et qu'il y aura des résultats tangibles qui amélioreront la vie des gens", a déclaré Hillary Clinton mercredi dans la capitale afghane.

Les grands axes ont été fermés mercredi dans Kaboul où les services de sécurité étaient sur les dents. Ce jeudi sera exceptionnellement jour férié et le gouvernement a conseillé à la population de rester chez elle. Les journalistes n'auront le droit d'assister à la prestation de serment de Karzaï, qui a été installé au pouvoir fin 2001 par les Américains et a remporté la première présidentielle démocratique dans le pays en 2004.

Les Etats-Unis et leurs alliés attendent des engagements concrets du discours que prononcera Hamid Karzaï lors de sa prestation de serment.

Washington et les autres pays occidentaux engagés militairement dans le conflit afghan ont fortement accentué leurs pressions ces derniers temps sur les autorités de Kaboul afin qu'elles agissent vite et fort contre la corruption et s'engagent résolument dans la voie de la bonne gouvernance.

CINQ AXES DE TRAVAIL PRIORITAIRES

"La communauté internationale prêtera une grande attention à ce discours mais plus encore à ce que Karzaï fera après", note un haut responsable américain.

Selon un diplomate européen, plusieurs pays ont fait parvenir au président afghan un "cahier des charges" qu'il est censé mettre en pratique et qui comprend, outre la lutte contre la corruption, une tentative d'ouverture vers ses adversaires politiques.

"Nous souhaitons voir se dessiner une sorte de feuille de route, avec des directions très claires", précise ce diplomate.

Depuis sa réélection, Hamid Karzaï a reçu de nombreuses mises en garde des ses alliés occidentaux, qui éprouvent de leur côté des difficultés grandissantes à convaincre des opinions publiques sceptiques du bien-fondé d'un engagement militaire en Afghanistan.

Le président américain réfléchit actuellement au nombre de soldats à envoyer en renforts en Afghanistan. Le général Stanley McChristal, qui dirige les troupes américaines et de l'Otan, préconise l'envoi de 40.000 hommes.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a identifié cinq axes de travail prioritaires pour Hamid Karzaï: le transfert de responsabilités aux Afghans, la bonne gouvernance, des mesures contre la corruption, la réconciliation, le développement économique et l'amélioration des relations entre l'Afghanistan et ses voisins.

Dans l'entourage de Barack Obama, on se dit encouragé par les déclarations de bonne volonté faites par le chef de l'Etat afghan. "Mais tout dépendra de la mise en oeuvre réelle de ces mesures", dit un responsable américain.